Poursuivez-vous la jubilation ou la dévotion ?
De Livres et Prédications Bibliques.
Par Tony Reinke À Propos de Sanctification et croissance
Traduction par Barrack Onyango
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Cette question est une démonstration de l’erreur qu’on fait généralement d’interposer la dévotion et la jubilation l’une contre l’autre. « Dieu S’intéresse plus de votre dévotion que de votre jubilation », dit-on souvent.
Quelques de mes théologiens préférés sont victimes de cette dichotomie subtile, y compris un des meilleurs philosophes que je connais (David Wells). Je vais poster, à des fins de charité, et en reconnaissance de tout ce que j’ai appris de ses publications, quelques paragraphes de son œuvre de 2014 où ce malaise se manifeste, et je ferai plus tard une modification favorable.
Il écrit, dans une tentative à une critique de la définition corrective de la foi dans beaucoup d’églises :
- Dans ce monde psychologique, le Dieu de l’amour est un Dieu de l’amour précisément et uniquement parce qu’Il nous offre une pommade intime. Nous nous approchons de Lui dans nos états de vacuité, de confusion, de mécontentement et errants. Nous Lui demandons de nous remplir d’un esprit de complétude ! Remplissez notre état de vacuité ! Orientez-nous dans cette confusion de sens et de voix concurrents du monde moderne ! Remplissez cette vacuité douloureuse intime !
- Voici le sentiment de beaucoup de croyants aujourd’hui, surtout dans l’église protestante. C’est leur manière de prier. Ils aspirent à quelque chose de plus réaliste et de plus intime que ce qu’ils ont à présent. C’est le cas parmi les adultes ainsi que les adolescents. Oui, c’est la demande sincère et optimiste, voire mélancolique, qu’Il soit pour nous un Dieu d’amour!
- Ceux qui vivent ce monde psychologique raisonnent d’une manière différente de ceux qui habitent un monde vertueux. On recherche la thérapie, alors que dans un monde vertueux, un monde de bien et de mal, de prospérité et de difficultés, on recherche l’expiation. Dans un monde psychologique, nous désirons le bonheur. Dans un monde vertueux, nous désirons la sainteté. Dans un, on désire se sentir bien, alors que dans l’autre, on voudrait être bien.
- Dieu ne Se tient devant nous ni en tant que notre Thérapeute, ni notre Gardien. Il Se tient devant nous en tant que Dieu de pureté absolue à qui nous sommes moralement responsables. Il est objectif devant nous et ne Se perd pas dans la confusion ambiguë de notre monde interne. Nous recevons Sa Parole de l’extérieur de nos esprits car c’est la Parole de Son authenticité. Elle nous convoque à nous tenir devant le Dieu de l’univers, de suivre Sa direction de L’aimer et d’aimer nos voisins comme nous-mêmes. Il ne Se tient pas devant nous pour que nous puissions profiter de Lui. Il ne supplie pas d’entrer dans notre monde interne pour remplir nos besoins thérapeutiques. Nous nous tenons devant Lui pour suivre Son commandement. Et Son commandement nous demande d’être pieux, ce qui est beaucoup plus important que le bonheur..
- Il est vrai qu’il y a des avantages psychologiques de suivre Christ, et le bonheur est peut-être un dérivé. Au fond, cependant, ceux-ci ne font pas partie indispensable de la foi chrétienne. Il s’agit du Dieu qui est autre que nous, qui est le Dieu infini et gracieux.
Il convient en ce moment de repousser en arrière la définition culturelle du « bonheur » (tels que le matérialisme centré sur le consommateur, la libération sexuelle, et l’égocentrisme sous toutes ses formes variées). Et il serait certainement juste de pousser en arrière la pensée que la dévotion n’est pas importante dans la vie chrétienne. Et il serait certainement juste de lutter contre la pensée que Dieu n’est personne d’autre qu’un Père Noël pour nos besoins ressentis. Dieu existe indépendamment en dehors de nous. Il est le Créateur tout à fait pur auquel toutes choses vivantes rendront compte.
Toutefois, séparer la dévotion de la jubilation créée une fausse dichotomie.
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Jubilant ou saint ?
En cas de doute, considérez les géants de la foi chrétienne : les Puritains. Deux personnages en particulier peuvent nous aider à répondre définitivement aux tentatives modernes de séparer la jubilation de la dévotion. Par exemple, Thomas Brooks (1608 – 1680) a écrit un livre de 450 pages intitulé avec justesse : The Crown and Glory of Christianity : Or, Holiness, The Only Way To Happiness (1662) [La couronne et la gloire de la foi chrétienne : ou, la dévotion, le seul moyen d’atteindre la jubilation]. L’œuvre est une défense importante de l’association entre la jubilation chez l’homme et la dévotion qui continue sans cesse, point sur sous-point, afin de clarifier la situation au moyen des Écritures.
« La différence entre la dévotion et la jubilation ne se trouve que dans l’appellation », dit Brooks avec audace au début de l’œuvre. « La dévotion est la jubilation dans l’œuf, et la jubilation est la dévotion en pleine floraison. La jubilation n’est que l’incarnation de la dévotion ».
Il répète le point vers la fin de l’œuvre, « Une abondance totale de la dévotion égale une abondance totale de la jubilation. Quand notre dévotion devient parfaite, notre jubilation sera également parfaite, et si on est capable d’atteindre cet état sur terre, on n’aura aucune raison de nous précipiter d’aller aux cieux ».
On peut aussi citer le formidable Matthew Henry (1662 – 1714), un célèbre érudit biblique qui partageait le même point de vue. « Seuls les véritables dévoués sont vraiment jubilants », écrit-il sur le livre de Psaume 1 : 1 – 3, et il continue à écrire, « la bonté et la dévotion ne sont pas uniquement le chemin à la jubilation, mais elles sont la jubilation.
Ces Puritains avaient bien compris la situation. La vraie jubilation de l’âme n’est pas un simple dérivé de la dévotion. La véritable jubilation veut dire une véritable dévotion.
Plus récemment, John Piper s’est plongé au débat avec une description plus claire lors d’une émission télévisée d’Ask Pastor John (Demandez au Pasteur John) : « La jubilation fait partie de la dévotion », dit-il. « Si vous essayez de m’expliquer ce que cela veut dire être une personne dévouée, vous n’y arriverez pas si vous laissez de côté la jubilation en Dieu. La dévotion sans la jubilation en Dieu ne veut rien dire. La jubilation en Dieu – je vais prendre le risque – est l’essentiel de la dévotion ».
Mais les Écritures soutiennent-elles de telles déclarations sur cette association inextricable entre la dévotion et la jubilation ?
Jubilation – dévotion véritable
Le livre de Psaume est très pertinent sur ce point. Les Psalmistes font référence à plusieurs reprises à ceux qui sont « bénis » - et ils veulent dire par le terme « bénis » ceux qui sont « vraiment jubilants ».
Qui sont alors ces personnes bénies, celles qui sont vraiment jubilantes ?
Ceux qui sont vraiment jubilants sont ceux qui, d’une certaine mesure, sont vraiment dévoués, et on trouve ce même objectif dans le livre de Psaume, en particulier Psaume 1 : 1 – 2, 19 : 8, 32 : 8 -11, 34 : 8 – 14, 40 : 4, 106 : 3, 112 : 1, 119 : 1 – 2, 22 – 4, 69 – 70, 143 – 4, 128 : 1 – 6.
On ne trouve pas cette association entre la dévotion et la jubilation (ou bénédiction) seulement dans le livre de Psaume, mais aussi dans les Proverbes, et très fermement par Jésus dans Ses Béatitudes (Matthieu 5 : 2 – 12).
La profonde réalité de l’abrogation totale et permanente de nos péchés devant un Dieu saint vient avant la possibilité de découvrir la véritable situation de jubilation-dévotion. La réalité gracieuse de la justification en Christ établit une association entre la situation de la jubilation-dévotion du Psalmiste et notre pardon en Christ, uniquement par la foi (Psaume 32 : 1 – 2, Romains 4 : 7 – 8).
Même si parfois ce n’est que d’une manière partielle, les croyants peuvent éprouver cette véritable jubilation-dévotion dans leur association avec Christ. Nous retrouvons en Lui une connexion inséparable et inorganique entre notre obéissance et notre joie, entre notre recherche de la véritable dévotion et notre expérience de la véritable jubilation (Jean 15 : 1 – 17).
Le Dieu jubilant-saint
Au fond de nos âmes, donc, nous n’avons pas le désir d’être ni jubilant ni dévoué. Nous voulons être jubilant-saint, juste comme Dieu. Il est la source de joie et de bonheur, Il est un Dieu de jubilation, content dans Sa situation de bonheur de Soi éternel, et cette jubilation fait partie de Sa gloire (1 Timothée 1 : 11). En même temps, notre Dieu glorieux est un flambeau imposant de sainteté non polluée qui trouve répugnante la corruption de l’homme (1 Timothée 1 : 8 – 10).
Que donc aucun théologien ne sépare ce que Dieu avait réuni.
Notre choix à présent
En réalité, notre désir pour le bonheur est guidé par un besoin primordial, un besoin qui date du premier homme et la première femme, un besoin qui précède le postmodernisme, le modernisme, l’illumination, et Freud.
Comme toutes les générations précédentes, nous nous trouvons devant le même choix, et il ne s’agit pas d’un choix entre la jubilation ou la dévotion, mais entre deux poursuites différentes à la jubilation (une mauvaise, l’autre dévouée).
Poursuite #1 est un désir pour une jubilation attendue des fausses assurances et les faux conforts et dieux de notre monde, mais qui à la fin s’avèrent être de faux mensonges qui chagrinent.
Poursuite #2 est la vraie jubilation en Dieu, la véritable joie en Lui, une adoration éternelle et interminable de Sa gloire et de Sa dévotion avant tout.
Voici donc l’essentiel. La lutte pour cette véritable dévotion-jubilation est une lutte spirituelle quotidienne de foi pour choisir la bonne jubilation.
Pour revenir à la même émission de podcast, Piper a bien récapitulé la lutte quotidienne de foi pour la jubilation-dévotion : « Lorsqu’on dit que Dieu est le plus glorifié en soi quand on est le plus glorifié en Lui, on veut dire que la lutte entre la jubilation, ou la sanctification, est la lutte pour la satisfaction en Dieu ».
Il y a un soupçon de vérité dans cette déclaration qui mérite une réflexion longue et approfondie.