La Perle Rare de la Satisfaction

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English: The Rare Jewel of Contentment

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En Savoir Plus (English).

Par D.A. Carson À Propos de Contentement
Partie de la série : Southern Cross

Traduction par Patrick Essiangne

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Niché vers la fin de la lettre de Paul aux Philippiens, c’est un demi-verset qui est fréquemment cité, cependant parfois hors de son contexte: «En tout et partout j'ai appris à être rassasié et à avoir faim» (Phil 4: 12). À une époque de malaise sans racines et de trouble, nous ferions bien de réfléchir à ce que les Puritains ont eu l'habitude d'appeler «la perle rare de la satisfaction chrétienne» (expression qui, bien sûr, était le titre d'un livre de Jérémie Burroughs). On ne pouvait traiter de manière responsable, l'ensemble du sujet à partir de ce passage, en revanche c'est un excellent endroit pour débuter. Cinq observations nous aideront à mettre l'accent sur ce que nous devons apprendre, de cette partie de l'Écriture, avec nos têtes et dans notre expérience.

1. Nous ne devons pas en déduire qu'il y a un certain «secret» ésotérique à la satisfaction chrétienne. La bible Nouvelle Version Internationale (NIV) pourrait vous laisser avec cette impression: «J'ai appris le secret d'être satisfait», comme si cela concerne la découverte de quelque chose de mystérieux ou un secret impossible au commun des chrétiens de découvrir. J'ai appris le «secret» par lequel les illusionnistes apparemment «lévitent» leurs assistants, et passent un cerceau au dessus d’eux pour «prouver» qu’il n'y a pas de dispositif de suspension, la plupart des gens ne savent pas ce qu’est le «secret». En revanche, on ne pouvait pas parler de façon responsable du «secret» de satisfaction dans le même sens. Il n'y a pas de trace de cette notion dans l'original. L'idée, plutôt, c'est que Paul a appris à être satisfait en toutes circonstances. La bible Nouvelle Version Internationale (NIV) a paraphrasé le passage pour inclure le mot «secret», mais bien que cela ait été fait pour faciliter la lecture, aucun poids ne devrait être accordé au mot « secret ». Ce que ce passage souligne n'est pas la spéciale chasse gardée des chrétiens sur la voie de l’intérieure, les chrétiens qui sont une ou deux étapes en avance sur le troupeau commun en vertu de leurs connaissances spécialisées, mais quelque chose qui est en principe à la portée de tous les croyants.

2. Néanmoins, ce n’est pas tous les chrétiens qui respirent la satisfaction. Paul lui-même a appris à être satisfait, dans l’exercice d’un ministère très diversifié. Le mot clé est «appris»: «Je sais vivre dans l'humiliation, et je sais vivre dans l'abondance. En tout et partout j'ai appris à être rassasié et à avoir faim, à être dans l'abondance et à être dans la disette» (Phil 4: 12). Dans le flux de son argumentation, Paul nous fait sûrement comprendre qu'il a «appris» la satisfaction en vivant des périodes de prospérité et des périodes de disette. Il ne suggère pas, bien sûr, que tous ceux qui vivent de telles circonstances apprendront à être satisfaits. Mais il laisse entendre qu'il a lui-même appris la satisfaction, la providence de Dieu, à travers les diverses circonstances qu’il a connues. Il n'est pas difficile de comprendre pourquoi. Il est improbable que le païen riche ou le laïque riche soit satisfait, le riche chrétien peut atteindre une certaine sorte de satisfaction, honnêtement reconnaissant à Dieu pour toutes les bonnes choses dont il ou elle jouit. Mais il sera très difficile pour de tels chrétiens d'être instantanément satisfaits s'ils sont soudainement dépouillés de leurs biens matériels. Même s’ils sont suffisamment mûrs pour éviter de se demander s’ils sont punis, et d'éviter de languir sur le passé, ils ont quelques ajustements énormes à faire.

D'autre part, les croyants vraiment démunis, même si par la grâce de Dieu ils ont évité la jalousie, et ont appris à jouir dans la provision de Dieu pour leurs nécessités, et de penser affectueusement, plus aux gloires à venir dans les nouveaux cieux et sur la terre, précisément parce que leur attention n'a pas été détournée par tout ce qui brille ici, ils peuvent se sentir très troublés, si soudainement ils deviennent riches. Ils peuvent être embarrassés par cette richesse ; ils peuvent se sentir coupables à ce sujet. Curieusement, ils étaient satisfaits lorsqu’ils étaient pauvres; maintenant, ils ne sont plus satisfaits.

Je me souviens d'un missionnaire qui est retourné au Canada vers 1950. Il avait été en Chine pour une vingtaine d'années. Lui et sa famille nombreuse ont été internés par les Japonais, et ont beaucoup souffert. Libérés à la fin de la Seconde Guerre mondiale, ils ont continué dans le ministère, dans des circonstances exceptionnellement difficiles jusqu'à ce qu'ils aient été expulsés par les Chinois communistes ; l'un des derniers missionnaires occidentaux à êtres rapatrié. Cependant quand il revint au Canada, au lieu de s’occuper du pastorat de l'une des nombreuses églises qui le poursuivaient, il prit un emploi, pendant deux ans, comme ouvrier pour l'un des chemins de fer. Il me dit, des années plus tard, qu'il sentait qu'il avait besoin de cette période de réajustement afin de ne pas être trop critique à l’égard des chrétiens canadiens qui n'avaient jamais rencontrés ce genre de privations que lui et sa famille avaient enduré, mais qui, certes, il était face à une gamme d'autres défis et de tentations qu’il connaissait peu. Par la suite, il fut très fructueux en tant que pasteur pendant près de trois décennies. Il fut un homme sage: il savait que la satisfaction chrétienne étaient à apprendre des deux extrémités, à la fois de l’opulent et du besoin.

3. De toute évidence, le moins que Paul veut dire, c'est que sa satisfaction chrétienne est indépendante des circonstances physiques. Sa satisfaction ne dépend pas de la façon dont il est bien lotis, ou même, par une sorte de spiritualité inversé, sur la façon dont il est dépouillé. Son argument est que sa satisfaction est indépendante de ses conditions physiques. Les Philippiens avaient été témoins de quelque chose de la remarquable maturité de Paul au regard de sa première visite dans leur ville. Arrêté et battu, Silas et lui, leurs jambes dans des couvertures, ils chantèrent les louanges de Dieu, à minuit, au mépris de toute attente coutumière. Sans doute, dans ce cas ils virent leurs souffrances comme une d’honneur, comme le firent les premiers apôtres qui se réjouissaient quand ils étaient jugés dignes de souffrir d’hostilité pour le Nom de Jésus (Actes 5:41). Mais la satisfaction de Paul ne l'abandonne pas, même si ce qu'il traverse est tout simplement un moment d’abondance relative ou de besoin relatif. Dans ce passage, Paul n’énonce pas explicitement ce qui le pousse à continuer.

Mais en jetant un coup d'œil sur l'épître entier, nous découvrons de nombreux indices. Sa passion est de connaître Christ, et la puissance de sa résurrection, et la communion de ses souffrances (Phil 3: 10). Il reconnaît pleinement qu'il sert de modèle pour les croyants dans toutes les églises (Phil 3: 17). Ayant reçu beaucoup de prestations grâce à l'Evangile (2: 1-4), il reconnaît son devoir de suivre Christ sans réserve, et en particulier à le suivre dans une attitude fondamentale qui ne repose pas sur les droits et privilèges, mais qui attend la justification finale de Dieu (Phil 2:5-11). En fait, ce que Paul attend avec impatience n'est pas un autre tour d’abondance matérielle, mais le retour de Christ, qui un jour transformeras nos corps humbles afin qu'ils deviennent comme son corps glorieux (Phil 3:20-21).

Avec des perspectives de ce genre, il est tout à fait compréhensible que Paul soit satisfait en toute circonstance. Sa satisfaction ne peut pas être achetée par des circonstances extérieures transitoires, car tous ses espoirs et tout son cœur sont fixés sur des réalités encore invisibles. Sans doute nous pourrions trouver d'autres raisons dans ses lettres pour lesquelles Paul s’exprime sur cette position. Par exemple, il croit clairement que Dieu est souverainement au contrôle, et on peut lui faire confiance pour agir non seulement pour sa propre gloire, mais également pour le bien de son propre peuple, quel que soit l’obscurantisme éventuel de leurs actuelles circonstances (Romains 8:28 ).

Ainsi nous pouvons en déduire que le fait de traverser diverses circonstances de la vie, ne sera pas utilisé par Dieu pour faire de nous des disciples de Jésus-Christ complètement satisfaits, indépendamment de nos circonstances physiques, sauf si dans le même temps nos espoirs et nos aspirations sont les mêmes que celles de l’évangile, aspirations centrée sur Christ.

4. La résolution de Paul se tourne vers le Dieu qui le fortifie. (Phil 4: 13). Après avoir insisté qu'il sait être satisfait en toute circonstance, Paul écrit: «Je peux tout, grâce à celui qui me fortifie» (4: 13).

Il est important de reconnaître ce que ce verset ne dit pas.

Paul ne prétend pas qu'il peut tout comprendre sur la physique nucléaire ou les cycles de vie des tortues de mer, qu'il peut marcher sur l'eau ou construire un réacteur à fusion froide, par Christ qui lui donne la force. Il ne donne pas un mandat ici pour manipuler les gens à faire des choses qui ne devraient probablement pas être faites. Vous connaissez le genre de chose auquel je pense: le dirigeant chrétien qui harcèle Mme Brown dans l'enseignement d'une classe d'élèves de quatre garçons (même si elle a l’impression de n’avoir ni les dons ni les appels) sur le fait qu'elle peut faire toutes choses par Christ qui lui donne la force. Sans doute, le «toute chose» est aussi vaste que ce que Dieu veut vraiment que nous fassions. Mais le «toute chose» de Paul est limité par le contexte: il peut vivre la vie avec satisfaction indépendamment des conforts de son créature, en toute circonstance, à travers Christ qui lui donne la force.

C'est cette dernière clause qui est la plus importante. Paul ne prétend pas qu'il puisse vivre de manière satisfaisante parce qu'il est maintenant assez expérimenté, ou parce qu'il est assez discipliné, ou parce qu'il est maintenant assez spirituel. Il reconnaît que sa résolution et maturité dans cette affaire de satisfaction, sont totalement dépendantes de Christ. Sans la force de Christ, les expériences diversifiées de la vie de Paul seraient insuffisantes pour faire de lui une personne satisfaite. Ce n'est rien mais une mise à exécution particulière de ce que l'apôtre a enseigné plus tôt dans sa lettre: où les vertus chrétiennes abondent, où la résolution chrétienne l’emporte, nous y trouvons la preuve que Dieu produit en son peuple le vouloir et le faire, selon son bon plaisir (Phil 2: 12-13).

5. L'attitude de Paul ne doit pas être confondue avec l'indépendance stoïque de circonstances. Paul est engagé émotionnellement et intellectuellement: lire, pour les instances, l'émotionnel pathos qui caractérise ses relations avec les croyants de Philippes, même ses prières pour eux (par exemple 1 :3-8). Même dans ce contexte dans Philippiens 4, Paul remercie les Philippiens pour leur nouveau don (4: 10), et insiste que lorsqu’il exprime ses remerciements, il n’insinue pas clandestinement qu'ils devraient envoyer plus (4: 11). Loin de là: il ne pouvait pas demander plus, quand il est satisfait, comme il est (4: 12-13). Dans tous les cas, il est plus intéressé par la bénédiction de Dieu qui va tomber sur eux à cause de leur générosité que d’être dans le don lui-même (4: 17).

Ce que cela suggère, c'est que la satisfaction chrétienne de Paul ne doit jamais être confondue avec un genre de résolution imperturbable, macabre, ou avec une réserve désengagée, dépassionnée, que certains se trompent à prendre pour le véritable écrit. Il est passionnément centré sur le Christ, il cherche avec diligence le bien d'autres croyants, il est affiché dans le contexte de la plus tendre amour pour les autres croyants.

Priez Dieu que la perle rare de la satisfaction chrétienne devienne un peu moins rare.