L’art et la manière de prêcher qui change une vie
De Livres et Prédications Bibliques.
Par Paul Tripp À Propos de Le Ministère Pastoral
Traduction par Eliane Schnitzler
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Il est important de comprendre quelles sont les deux parties essentielles d’une prédication efficace et la préparation rigoureuse qu’elles exigent.
En premier lieu, il y a le contenu de la prédication. La prédication concerne précisément l’exégèse et la compréhension des vérités de l’Evangile développées dans un passage donné de l’Ecriture. Je dois m’obliger à travailler le contenu avec rigueur jusqu’à ce que je comprenne le but du passage. Et si je ne puis appliquer les vérités du passage à ma vie et à celles de mes auditeurs, alors je n’ai pas compris pleinement le passage. Le processus de l’exégèse ne se termine pas avec la compréhension, il s’achève avec l’application.
Il est nécessaire pour moi de vivre avec un passage, d’en être imprégné et d’immerger mon âme dans sa substance et ses eaux désaltérantes. Il m’est impossible de faire ceci en quelques heures. Il me faut du temps pour méditer le passage afin que l’Esprit utilise ce passage pour accomplir son œuvre en moi d’abord puis auprès des personnes qui me sont confiées. Je vais en fâcher quelques-uns d’entre vous, mais je vais vous le dire malgré tout. Si vous travaillez le contenu tard, un samedi soir, ce ne serait pas sage de le prêcher dimanche. Il est peu probable que vous ayez compris tout l’éventail du contenu glorieux de l’Evangile révélé dans le passage concerné. Il est douteux que votre cœur ait été confronté à ce contenu glorieux et peu probable que vous soyez prêts à le communiquer à vos auditeurs avec sagesse et de manière pratique.
Au dernier moment, vous vous contenterez d’un survol du passage et vous l’appellerez un sermon. Vous piraterez le travail d’autres sans même le savoir, et vous aurez peu d’aptitude à leur montrer que l’Evangile de Jésus-Christ les confronte et les encourage absolument. Parce que vous n’avez pas pris le temps nécessaire, vous prêcherez des fragments de doctrine et des éléments dissociés de l’Evangile de la grâce. Vous communiquerez des idées, mais vous ne prêcherez pas un Christ glorieux qui est puissamment présent dans chaque passage que vous serez appelé à prêcher. Vous n’offrirez aux personnes qu’un système de rédemption, mais vous ne les aiderez pas à trouver leur espérance et leur secours dans un Rédempteur. Vos paroissiens penseront donc qu’ils sont entrain de croître en maturité parce qu’ils grandissent dans la compréhension théologique. Mais votre prédication ne les conduira pas au bout de leurs limites et à la croix de Jésus-Christ. Nous devons toujours, toujours nous rappeler que la théologie de la Parole de Dieu n’est pas une fin en soi, mais un moyen pour une fin – une vie radicalement transformée par la grâce.
L’Art de la Communication
Mais il y a un second aspect essentiel à la prédication. Prêcher n’est pas seulement l’art de travailler le contenu, c’est également l’art de le communiquer. Vous devez méditer, prier, travailler et lutter pour savoir comment vous allez communiquer les vérités comprises aux personnes dont vous avez la charge. Je suis persuadé que nous avons sous-estimé l’aspect de la communication puissante, efficace et transformatrice de la prédication de l’Evangile. Je ne parle pas du fait de devenir un John Piper ou un Tim Keller. Je parle de votre attachement à tout faire pour expliquer et appliquer de façon attrayante et convaincante les glorieuses vérités révélées par votre exégèse menée avec application et sérieux. Si le processus n’a pas démarré avant samedi, vous n’avez pas du tout le temps de développer l’aspect de la communication de votre sermon, de réfléchir à une tournure de phrase utile, à une illustration personnelle parlante ou à un point pratique d’application de l’Evangile. Vous êtes simplement soulagé d’avoir le contenu, d’avoir en fait quelque chose à dire quand viendra le moment de vous lever et de prêcher. Mais vous ne direz pas les choses de la bonne manière, vous ne développerez pas d’images éclairant les mots, vous n’aurez pas ce moment particulier où vous partagerez des choses personnelles avec franchise. Vous ne ferez pas d’applications spécifiques à la culture de vos auditeurs, vous ne leur montrerez pas que cette même vérité révélée dans le passage pointe vers Christ, et vous laisserez les personnes un peu plus sur leur faim. Vous êtes monté en chaire avec une somme de connaissances mais elles ne constituent pas encore un sermon.
Voici comment je conçois la relation entre ces deux aspects de la prédication. J’aime cuisiner et pour cette raison, je suis le seul de notre famille à cuisiner pour les fêtes de Thanksgivivng (Jour d’Action de Grâces aux USA) et de Noël. Si vous avez prévu de nourrir votre famille avec un repas merveilleux et mémorable, tout doit débuter par la recherche des meilleurs ingrédients. Si vous ne prenez pas le temps de traquer les meilleurs ingrédients disponibles, vous n’obtiendrez jamais ce repas de rêves. Rassembler les meilleurs ingrédients est analogue au travail relatif au contenu de la prédication. Une bonne prédication s’enracine dans le fait d’extraire d’excellents ingrédients évangéliques du passage devant vous.
Mais arrivé au Jour d’Action de Grâces, je ne mets pas les ingrédients sur la table. Les ingrédients sont la substance mais ils ne sont pas un repas. Ils doivent être transformés en éléments alléchants, goûteux, nutritionnels et consommables qui ensemble constituent un repas. Un gros morceau de beurre, une tasse de farine, suivie d’une cuillère de farine de maïs ne sont pas vraiment appétissants ou digestes. Mais la farine de maïs est quelque chose de merveilleux. La dinde la plus excellente, présentée à l’état brut sur une table, ne serait ni attirante ni comestible. La transformation d’excellents ingrédients collectés en un merveilleux repas est une analogie à l’aspect communication de la prédication.
De nombreux prédicateurs ont la triste habitude de présenter des ingrédients sur la table. Les ingrédients peuvent être excellents, mais ils n’ont pas été transformés en repas. Ils ne sont donc ni attrayants ni consommables. Si je devais nourrir un cuisinier, je pourrais déposer les ingrédients sur la table, et il pourrait en faire un repas. Si vous prêchez à des pasteurs, vous pourriez placer les ingrédients de l’Evangile sur la table, et ils pourraient en faire un repas. Mais ce ne sont pas des pasteurs. Je n’écarte pas la puissance du Saint-Esprit pour saisir, convaincre et changer les gens par sa Parole. Nous sommes toujours totalement dépendants de Lui, et nous ne sommes jamais appelés à faire son œuvre. Mais le Saint-Esprit nous a confié cette mission, et notre travail est de faire tout ce que nous pouvons pour être des instruments tranchants entre ses mains rédemptrices.
Un Régime Personnel
Je vais vous dire ce que cela signifie pour moi. Je ne puis, la même semaine, avoir une rencontre de plus et aussi prêcher les vérités que je me dois de communiquer à partir d’une portion particulière de l’Ecriture. Cela ne me laisse pas assez de temps pour le contenu et pour la communication. Partout où j’ai été appelé à prêcher une fois par semaine, je préparais le contenu deux ou trois semaines à l’avance. Cela me permettait de faire « mariner » les vérités dans mon cœur et de les comprendre de façon plus profonde et plus pratique. La semaine où je devais prêcher le sermon, je me le prêchais à haute voix plusieurs fois. En procédant ainsi, ma compréhension du passage et les moyens créatifs pour le communiquer étaient approfondis et développés.
Je ne suis pas entrain de suggérer que ce régime de préparation est le bon pour vous. Nous ne pouvons pas nous satisfaire d’un vagabondage exégétique appauvri, transmis par un pasteur qui n’est pas conscient de sa propre médiocrité. Son cœur nécessite d’être reconquis par l’émerveillement de la gloire et de la grâce de Dieu. La présence de Dieu dans notre prédication et sa grâce qui nous aide dans notre faiblesse nous assurent que nous pouvons faire mieux.
Pasteur, si vous prenez au sérieux votre appel d’ambassadeur, pourquoi tolérez-vous qu’une amnésie stupéfiante vous autorise à fixer des standards plus bas que ceux requis ? Cela vous autorise-t-il d’être à l’aise avec la médiocrité dans le ministère ? Si oui, ne vous complaisez pas dans la honte, ne vous cachez pas derrière la culpabilité. Courrez vers votre Rédempteur. Plongez-vous dans sa grâce glorieuse. Cherchez le pardon et l’onction que seul Lui peut donner. Et consacrez-vous, par sa grâce, aux disciplines d’excellence. Celles-ci apparaîtront lorsqu’Il vous libèrera de vous-même et vous rendra votre émerveillement.