Dieu Décrète-t-Il des Événements Qu’Il ne Veut pas Voir s’Accomplir ?
De Livres et Prédications Bibliques.
Par John Piper
À Propos de Sanctification et croissance
Partie de la série : Ask Pastor John
Traduction par Patrick Essiangne
Vous pouvez nous aider à améliorer par l'examen de l'exactitude de cette traduction. En Savoir Plus (English).
Transcription audio
Nous entamons une nouvelle semaine sur le podcast en abordant une question théologique profonde. Toutefois, restez avec nous. La question est la suivante : si Dieu a deux volontés – une volonté de décret et une volonté de désir – Dieu décrète-t-il jamais quelque chose qui arriverait alors qu’il ne désire pas que cela arrive ? Si cela est le cas, n’aurait-il pas un esprit divisé ? Maintenant, avant de passer cet épisode, donnez-nous une chance de vous expliquer, car il s’agit d’une question pointue posée par un auditeur nommé Ethan. « Pasteur John, bonjour et merci d’écouter ma question. En lisant et en discutant des thèmes du début de « Désirer Dieu » ainsi que de « Dieu désire-t-il que tous soient sauvés ? », une question théologique poignante me vient à l’esprit. Si Dieu a en effet deux volontés, l’une de désir et l’autre de décret (qui sont toutes deux affirmées bibliquement), comment donc sa volonté de décret « annule-t-elle » en un sens sa volonté de désir ? Si la souveraineté de Dieu est la base de son bonheur (comme dans le premier chapitre de « Désirer Dieu »), alors il semble que l’idée des « deux volontés » soit quelque peu insuffisante pour traiter des textes tels que 1 Timothée 2:3–4. En d’autres termes, si « la souveraineté de Dieu est la base de son bonheur », comment est-il possible que sa volonté de décret agisse indépendamment de sa volonté de désir ? »
Eh bien, laissez-moi voir si je peux aider les auditeurs à entrer dans la discussion ici car cela leur pose vraisemblablement un « Hein ? »
Ethan se réfère à un article que j’ai écrit, « Y a-t-il deux volontés en Dieu ? ». Ce que j’essayais de faire, c’est de montrer que quelquefois la Bible traite la volonté de Dieu comme son décret souverain absolu par lequel il planifie tout et veille à ce que tout ce qu’il planifie s’accomplisse. Et quelquefois, la Bible traite la volonté de Dieu comme quelque chose qu’il ordonne, cependant qui en fait ne s’accomplit pas toujours. En voici un exemple.
Sommaire |
Souverain sur la Croix
Dans les Dix Commandements, il est clair que Dieu ordonne : « Tu ne tueras point. » Il est donc juste d’affirmer que la volonté de Dieu est que les êtres humains ne s’entretuent pas. Pourtant, Actes 4:27–28 dit : «En effet, contre ton saint serviteur Jésus, que tu as oint, Hérode et Ponce Pilate se sont ligués dans cette ville avec les nations et avec les peuples d’Israël, pour faire tout ce que ta main et ton conseil avaient arrêté d’avance . »
Eh bien, qu’est-ce que c’est ? Ils assassinèrent Jésus, donc dans un sens, c’était la volonté de Dieu que son Fils périsse aux mains de personnes meurtrières et pécheresses. Dieu a voulu l’assassinat de son Fils. C’est mentionné dans tout l’Ancien Testament. C’est mentionné dans le Nouveau Testament. La mort de Jésus aux mains de meurtriers pécheurs était la volonté de Dieu, même si les Dix Commandements affirment : « Tu ne tueras point. »
Lorsque je parle de deux volontés en Dieu, je décris simplement ce que je trouve dans les Écritures. Évidemment, des centaines de théologiens avant moi au cours des siècles de l’histoire de l’Église ont vu la même chose. J’utilise simplement le langage qui a été développé afin de décrire ces deux volontés.
Nous pouvons les nommer la volonté de commandement et la volonté de décret. Ce serait une manière de procéder. Ou nous pourrions les nommer la volonté révélée de Dieu et la volonté souveraine de Dieu. Ces termes se réfèrent simplement au fait que quelquefois l’expression « volonté de Dieu » se réfère au plan souverain de Dieu qui s’accomplit toujours, et quelquefois l’expression « volonté de Dieu » se réfère à ce qu’il ordonne, qui ne s’accomplit pas toujours.
Dieu Accorde la Repentance
Maintenant, Ethan rend simplement explicite le fait que quelquefois la Bible parle de Dieu désirant quelque chose qu’en fait, il ne décrète pas. Par exemple, il se réfère à 1 Timothée 2:4. C’est un texte très célèbre. Paul déclare : « [Dieu] qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. » Pourtant, dans 2 Timothée, Paul dit : « [Le serviteur du Seigneur devrait] il doit redresser avec douceur les adversaires, dans l’espérance que Dieu leur donnera la repentance pour arriver à la connaissance de la vérité, et que, revenus à leur bon sens, ils se dégageront des pièges du diable, qui s’est emparé d’eux pour les soumettre à sa volonté » (2 Timothée 2:25-26).
Si nous mettons ces deux textes ensemble, 1 Timothée 2:4 et 2 Timothée 2:25, ce que nous percevons, c’est que, d’une part, Dieu désire que tous les hommes se repentent et parviennent à la connaissance de la vérité et soient sauvés. D’autre part, il peut ou non leur permettre de se repentir et de parvenir à la connaissance de la vérité et d’être sauvés. Bien sûr, ce n’est pas l’unique passage où l’on nous déclare que tous les êtres humains sont morts et impuissants dans leurs offenses et leurs péchés et que seul Dieu peut les délivrer.
Harmonie Parfaite
Ethan pose donc deux questions qui l’accablent : (1) La volonté de Dieu par décret l’emporte-t-elle, dans un sens, sur sa volonté de désir ? (2) Si la souveraineté de Dieu est la base de son bonheur, comment est-il possible que sa volonté de décret agisse indépendamment de sa volonté de désir ?
Maintenant, la réponse à la première question est ce qui suit. Il n’est pas utile de parler de la volonté de décret de Dieu qui l’emporte sur son désir, car cela suppose un conflit ou une tension en Dieu. Il est certain que la vision que je décris a été tournée en dérision comme un genre de schizophrénie divine.
Je pense qu’il est préférable de dire que la volonté souveraine de Dieu, ou sa volonté de décret, incorpore – et n’annule pas, mais inclut – ses désirs, même ceux qui n’aboutissent pas à l’action.
Il veut cela comme il veut ce qui s’accomplit. Nous avons continuellement tendance à ramener Dieu au niveau de notre propre expérience puisque nous ne pouvons qu’imaginer que nous sommes constamment frustrés dans une telle situation. Cependant dans l’infinité mystérieuse de la complexité de Dieu, ce n’est pas le cas. Il n’est pas frustré.
Je ne suis pas sûr de ce que veut dire la deuxième question d’Ethan. La voici à nouveau : « Si la souveraineté de Dieu est la base de son bonheur, comment est-il possible que sa volonté de décret agisse indépendamment de sa volonté de désir ? » Ma réponse est que ces deux volontés ne sont en aucun cas indépendantes. Dans le conseil unique, unifié et parfait de la sagesse de Dieu, cela est sage pour Dieu.
Il est sage qu’il désire à la fois que quelque chose se réalise et qu’il ne veuille pas que cela se réalise. Ces deux existent harmonieusement, et pas indépendamment. Il existe une intégration et une harmonie parfaites dans le conseil mystérieux, parfaites et infiniment complexes de Dieu. Il n’existe ici aucune idée d’indépendance d’une volonté par rapport à l’autre.
Pas du Cœur
Permettez-moi de finir avec un exemple, car l’Écriture est ici bien plus importante que mes efforts pour la mettre en forme. Je veux juste que tout le monde entende un autre verset qui, pour moi, est provocateur et, pastoralement, étonnamment utile. Il s’agit de Lamentations 3:32–33. Jérémie parle et il décrit les tourments de Jérusalem assiégée – des souffrances horribles. Voici ce qu’il dit : « Mais, lorsqu’il afflige » – notez bien que même si le Seigneur afflige – « Il a compassion selon sa grande miséricorde . » Voici cette déclaration étonnante : « Car ce n’est pas volontiers qu’il humilie Et qu’il afflige les enfants des hommes. »
En d’autres termes, Dieu afflige, et cela n’est pas volontiers. Très, très fascinant. Dieu décrète que certaines choses se réalisent qui, dans un certain sens, ne sont pas volontiers. Autrement dit, ce n’est pas son souhait, ce qui est une image de la même dynamique divine dans 1 Timothée 2:4.
Il voudrait que tous soient sauvés même si personne ne mérite d’être sauvé. Cependant, dans sa liberté et sa sagesse, il ne décrète pas que tous soient sauvés. La volonté souveraine de Dieu et la volonté d’ordonnance de Dieu – le décret et le désir – sont en parfaite harmonie dans les conseils suprêmes de Dieu. Ni l’un ni l’autre n’est indépendant. Ni l’un ni l’autre n’est surpassé. Cela fait simplement partie du mystère de ce que veut dire être un Dieu souverain et aimant.