Comment Puis-je Changer?/Appendice A : Différentes voies vers la sainteté : un panorama historique

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English: How Can I Change?/Appendix A: Different Roads to Holiness: An Historical Overview

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Par Robin Boisvert À Propos de Sanctification et croissance
Le chapitre 10 du livre Comment Puis-je Changer?

Traduction par Tania Ricci



Il est intéressant d'examiner la manière dont la sanctification a été perçue par différentes traditions historiques de l'Église. Dans Compagnons Spirituels : Une Introduction aux Classiques Chrétiens [Spiritual Companions: An Introduction to the Christian Classics], Peter Toon identifie trois approches différentes du sentier menant à la sainteté : l'approche grecque (orientale), médiévale occidentale (catholique romaine) et protestante.

Sommaire

  1. L'approche grecque
  2. L'approche médiévale occidentale
  3. L'approche protestante
  4. Références

L'approche grecque
On connaît l'approche grecque sous l'appellation de déification: cela signifie que le Christ transmet la vie divine à l'âme à travers le Saint Esprit... De cette manière, la communion et l'union avec Dieu sont l'objectif du salut. Ce dernier devient possible pour les êtres humains lorsqu'ils cherchent à se défaire de leur dépendance du monde et de la chair et lorsqu'ils sont transfigurés par la lumière de la grâce de Dieu.
On retrouve cette méthode dans les premiers mouvements monastiques. Au cours du troisième siècle, les ermites égyptiens se rebellèrent contre un laxisme moral qui avait commencé à se répandre au sein de l'Église. Deux siècles plus tôt, elle se composait de juifs et de chrétiens gentils, dont les standards éthiques étaient assez élevés. Mais au fur et à mesure que l'Église recrutait des fidèles, ces standards commencèrent à se détériorer et à cela s'est ajoutée la dégradation de la morale qui accompagnait le déclin de l'Empire Romain. On peut vite imaginer l'ampleur du problème. Le monde était en train de devenir rapidement, comme l'exprime Hobbes, « mauvais, brutal et de courte durée ». Cela ne signifiait pas que l'Église avait revu ses standards à la baisse. En réalité, elle était même très rigoureuse par rapport à l'Église que nous connaissons aujourd'hui. Quoi qu'il en soit, les saints ermites quittèrent le monde romain en désagrégation afin de trouver leur salut dans le désert.
Dans son bienveillant essai, Charles Kingsley décrit que les vies de ces ascètes devaient se conformer :
'…au célibat, à la pauvreté, aux bonnes oeuvres à l'égard de leurs compagnons, à toutes sortes de privations et parfois d'auto-mutilations et à l'expiation (dans la limite du possible) des péchés commis après le baptême. La nourriture spirituelle de [ceux-ci] était une méditation continue sur la vanité du monde, les péchés de la chair, la gloire des cieux et les horreurs de l'enfer. Grâce à tout cela, ces anciens ermites sont parvenus – et il faut leur accorder ce mérite - à combiner une foi personnelle en Dieu et un amour personnel pour le Christ, que devraient imiter tous ceux qui les méprisent.'
Ces ermites – y compris le grand Antoine – ont permis, et c'est tout à leur avantage, d'apprécier l'ampleur de l'attachement aux bien terrestres des chrétiens et ont été pour un grand nombre de ceux-ci une inspiration dans la poursuite de la sainteté.
Il existe de nombreux documents portant sur les méthodes d'abnégation de soi utilisées par certains adeptes de cette tradition. Au cinquième siècle, Siméon le Stylite (le saint à la colonne) passa les dernières trente-six années de sa vie au sommet d'une colonne qui était progressivement élevée, jusqu'à atteindre une hauteur d'environ dix-huit mètres. Il fut largement imité et réussit à promouvoir un ministère influent car de nombreux pèlerins venaient lui rendre visite sans relâche et s'enquérir de lui. Il engendra un mouvement qui s'étendit de son Antioche natale à « la Géorgie, la Thrace, la Macédoine, la Grèce et même l'Égypte... les stylites étaient devenus tellement nombreux au septième siècle qu'ils étaient considérés comme un ordre religieux spécifique ». Leur singulière habitude de se confiner sur ces perchoirs imposants avait son origine dans le renoncement au monde. Si la solitude avait été leur objectif principal, ils auraient certainement trouvé un moyen de l'atteindre sans se donner en spectacle de la sorte.
Au cours des siècles qui suivirent, l'approche monastique de la vie chrétienne (qu'elle soit solitaire ou communautaire) se répandit et nombreux sont ceux qui la considéraient comme idéale. Il en découla doucement une vision de la chrétienté à deux facettes. La première concernait le plus grand nombre, à savoir les chrétiens ordinaires, laïques, vivant dans le monde et étant en interaction avec celui-ci. Ensuite, il y avait ceux qui abandonnaient tout pour devenir moines. Si l'on désirait ardemment surmonter le péché, connaître Dieu et être saint, l'adoption d'une vie monastique semblait un choix parfaitement adapté.
Il est intéressant de dire que lorsque j'étais jeune pasteur, un jeune égyptien vint me voir afin d'obtenir un conseil. Tenté comme le sont de nombreux hommes par des pensées et des désirs impurs, ce jeune homme était convaincu que le seul moyen de surmonter le péché était de devenir moine. Apparemment, la tradition est bien ancrée. En dépit de ses excès évidents, l'abnégation de soi requise par la vie monastique possédait deux qualités incontestables : il rappelait aux gens leur condition de mortels et intensifiait la prise de conscience d'un monde à venir.

L'approche médiévale occidentale
L'approche médiévale occidentale [qui a] trouvé suite dans la pensée romano-catholique est celle des trois voies : purification/lavage du péché, instruction/illumination de l'esprit, union avec Dieu par la grâce.
Il s'agit d'une tradition prospère qui s'est étendue sur tout le cours de l'histoire de l'Église et persiste même parmi les protestants évangélistes. Toute personne ayant une familiarité avec les ouvrages de A.W. Tozer remarquera ses références et allusions à certaines personnalités telles que Nicolas de Cues, Bernard de Clairvaux et Jean de la Croix. Ce que l'on remarque le plus dans cette tradition mystique est le langage enflammé utilisé pour décrire la dévotion à Dieu et le désir d'un cœur pur. Il existe dans ces ouvrages une passion pour Dieu qui révèle un désir profond et une abondance d'expérience subjective. Il est impossible de les lire sans interrompre l'activité frénétique qui caractérise nos vies actives et écouter ainsi la parole de Dieu dans un silence méditatif. Lorsque je lis des ouvrages de cette tradition, je suis invariablement mené à examiner mon propre cœur devant Dieu et à me repentir de la superficialité que j'y trouve.
Pourtant, malgré ces arguments de poids, on peut hésiter face à certains points distinctifs de cette voie contemplative vers la sainteté. Il semblerait que l'accent soit placé sur la recherche d'une connaissance directe de Dieu. Le rôle crucial du Christ comme médiateur entre nous et le Père n'est généralement pas décrit aussi clairement que dans l'Écriture. Dans une critique de la tradition médiévale occidentale, John Calvin a écrit que « Il n'y a que les fous qui recherchent la connaissance directe de l'essence de Dieu ».
Un tel langage est justifiable, déclare Sinclair Ferguson, car il protège la signification du travail d'expiation du Christ. Ferguson écrit :
'Alors que la tradition contemplative met plutôt l'accent sur l'humanité et la passion du Christ, la chrétienté réformée la place sur la transaction qui a eu lieu dans le Fils de Dieu Incarné supportant le jugement de son Saint Père contre le péché de l'homme. Elle insiste sur le fait que si l'on ignore cela, l'accès à Dieu, et donc sa connaissance réelle, n'existe pas.'
En gardant à l'esprit ces avertissements, étudier et méditer sur les oeuvres de cette tradition peut être très enrichissant.

L'approche protestante
« L'approche protestante », explique Toon, « s'est focalisée sur la relation existante entre la justification et la sanctification ». Ce n'est que lorsque la réforme protestante a mis en valeur la justification par la grâce que l'on a commencé à distinguer la sanctification de la justification. Bien qu'étroitement liées, les deux doctrines ont tout à gagner si on les prend en considération séparément.
Comment la justification et la sanctification s'accordent-elles? Au sein de la structure protestante, bien sûr, existent une variété de points de vue. Depuis la perspective luthérienne, par exemple, la sanctification est simplement considérée comme une sous-doctrine, bien en-dessous de la justification. Selon les luthériens, surmonter le péché et vivre victorieusement se traduit par le besoin d'une compréhension totale de la justification à travers la seule grâce (en nous voyant tels que Dieu nous voit). Certains luthériens ont été critiqués pour avoir fait apparaître la justification comme une doctrine plus fondamentale dans la vie chrétienne que Jésus Christ.
Selon la théologie réformée, c'est notre union avec le Christ qui représente la base de notre victoire. Elle souligne le fait qu'il est le départ et la fin de notre foi et le capitaine de notre salut. Grâce au travail accompli par le Christ et à son intercession présente, nous sommes capables de mortifier le péché inhérent et de résister aux tentations du diable. Calvin ferait partie de cette tradition, ainsi que les puritains anglais et leurs descendants.
John Wesley défendait cependant une autre position. Il enseignait une doctrine de totale sanctification (à ne pas confondre avec un perfectionnisme complet), basée sur le côté concret de la vérité – non pas simplement le côté objectif et propositionnel. Tous ceux qui connaissent les circonstances de sa conversion comprendront la base de sa doctrine. Aucun des arguments logiques de la foi n'avait semblé l'aider. Mais lorsque Wesley rencontra la Dieu vivant, tout cela changea. Arnold Dallimore cite le Journal de Wesley : « J'ai senti une chaleur étrange en mon cœur. Je sentais que j'avais confiance en Christ, seulement en lui, pour le salut. L'assurance m'en était donnée car il avait lavé mes péchés, même les miens, et m'avait sauvé de la loi du péché et de la mort. »
Les enseignements de Wesley et les méthodistes du 18è siècle aux États-Unis ont généré le mouvement de Sainteté au 19è siècle. Les partisans de cette vision des choses étaient convaincus qu'une expérience directe et de sanctification avec le Saint Esprit apporterait une victoire ultérieure au salut. Et lorsque d'aucuns, dans le mouvement de Sainteté, reçurent le baptême dans le Saint Esprit, l'enseignement de la sainteté de Pentecôte, focalisé sur les différentes langues, était arrivé.
Il existe bien d'autres variations des thèmes que nous venons de présenter, mais ces approches forment les grandes lignes principales des tentatives menées par l'Église afin d'aborder la compréhension de la sanctification. Si on les considère comme un ensemble, elles illustrent le fait que notre esprit n'est pas le seul à avoir le désir d'être empli de la vérité de Dieu afin que nous lui obéissions. Nos cœurs désirent également faire l'expérience de cette réalité. Bien que ces traditions contiennent à la fois des vérités à adopter et des excentricités à éviter, toutes ont contribué d'une certaine façon à la quête de sainteté de l'âme.
Pour une perspective complète et équilibrée de la sanctification au cours de l'histoire de l'Église, je vous recommande la lecture de Spiritualité Chrétienne : Cinq Approches de la Sanctification [Christian Spirituality: Five Views of Sanctification], par Donald L. Alexander (édition originale Downers Grove, IL: InterVarsity Press, 1988).

Références
↑ Peter Toon, Spiritual Companions: An Introduction to the Christian Classics (Grand Rapids, MI: Baker Book House, 1990), p. 5.
1.↑ Charles Kingsley, “The Hermits” in Cyclopedia of Religious Literature, Volume One (New York, NY: John B. Alden, publisher, 1883), p. 19.
2.↑ Peter Levi, The Frontiers of Paradise: A Study of Monks and Monasteries (New York, NY: Paragon House, 1987), p. 45.
3.↑ Peter Toon, Spiritual Companions, pp. 5-6.
4.↑ Christian Spirituality: Five Views of Sanctification, Donald L. Alexander, ed. (Downers Grove, IL: InterVarsity Press, 1988), p. 195.
5.↑ Ibid., p. 194.
6.↑ Peter Toon, Spiritual Companions, p. 6.
7.↑ Arnold Dallimore, George Whitefield, Volume One (Westchester, England: Cornerstone Books, 1981), p. 186.