Les qualités d’un bon pasteur
De Livres et Prédications Bibliques.
Par Paul Tripp À Propos de Le Ministère Pastoral
Traduction par Candès Tévoédjrè
Je suis convaincu qu’une grande part des problèmes dans la culture pastorale résultent d'une définition non biblique des ingrédients essentiels au succès du ministère. Certes, la plupart des profils de candidats supposent une « marche dynamique avec le Seigneur », mais ces mots sont souvent affaiblis par un processus qui pose peu de questions dans ce domaine et présume beaucoup. Nous nous intéressons vraiment à la connaissance (théologie correcte), la compétence (bon prédicateur), la philosophie du ministère (développement de l'église), et l'expérience (le candidat n’en est pas à ses débuts pastoraux dans ce nouveau lieu de ministère). J’ai souvent entendu des dirigeants d'églises, dans des moments de crise pastorale, se plaindre : « Nous ne connaissions pas l'homme que nous avons engagé ».
Qu'est-ce que connaître l'homme implique ? Cela signifie avoir connaissance du véritable état de son cœur, autant que cela soit possible. Qu'est-ce qu'il aime vraiment, et qu'est-ce qu'il méprise ? Quels sont ses espoirs, ses rêves et ses peurs ? Quels sont les désirs profonds qui soutiennent et influencent sa manière d’effectuer son ministère ? Quelles inquiétudes risquent de le dérailler ou de le paralyser ? A-t-il une estime juste de lui-même ? À quel point accepte-t-il de s’exposer à la confrontation, à la critique et à l’encouragement ? À quel point est-il dévoué à sa propre sanctification ?
À quel point est-il prêt à parler de ses propres tentations, ses faiblesses et ses échecs ? À quel point est-il prêt à écouter et à s’en remettre à la sagesse des autres ? Est-ce que le ministère pastoral est pour lui un projet communautaire ? A-t-il un cœur tendre et encourageant ? Est-il chaleureux et accueillant, un berger et un défenseur pour ceux qui souffrent ? Comment sa femme et ses enfants décriraient-ils son caractère ? Met-il en pratique sa propre prédication ? Son cœur est-il brisé, sa conscience est-elle régulièrement affligée quand il se regarde dans le miroir de la Parole ? À quel point ses habitudes de dévotion sont-elles robustes, cohérentes, joyeuses et dynamiques ?
Son ministère envers les autres découle-t-il de la vitalité de sa communion de dévotion avec le Seigneur ? Se tient-il à des normes élevées, ou se contente-t-il de la médiocrité ? Est-il sensible à l'expérience et aux besoins de ceux qui travaillent à ses côtés ? A-t-il incarné l'amour et la grâce du Rédempteur ? Néglige-t-il les offenses mineures ? Est-il prêt et disposé à pardonner ? Est-il de nature à critiquer et à condamner les autres ? Comment le pasteur en public diffère-t-il du mari et du père en privé ? Prend-il soin de son corps physique ? Est-ce qu'il s’engourdit par une utilisation excessive de médias sociaux ou de télévision ? Comment finirait-il la phrase : « Si seulement j’avais ________ » ? Comment accomplit-il son rôle de pasteur à la congrégation qu’est sa famille ?
Le véritable état du cœur du pasteur
Le ministère d'un pasteur n’est jamais simplement façonné par son expérience, ses connaissances et ses compétences. Il est toujours également influencé par le véritable état de son cœur. D’ailleurs, si son cœur est mal orienté, les connaissances et les compétences peuvent le rendre dangereux.
Les pasteurs ont souvent du mal à trouver la communion vivante, humble, festive, méditative, dans une attitude de besoin et d’adoration, avec le Christ. C’est comme si Jésus les avait quittés. Il y a toutes sortes de connaissances et de compétences en termes du ministère, mais elles semblent être divorcées d'une communion vivante avec le Christ vivant et toujours présent. Toutes ces activités, connaissances et compétences semblent être alimentées par quelque chose d'autre. Le ministère devient scandaleusement impersonnel. Ensuite, ce sont le contenu théologique, la justesse exégétique, les engagements ecclésiastiques et l'avancement institutionnel qui comptent. Il s’agit de la préparation du prochain sermon, de fixer l’ordre du jour de la prochaine réunion et de remplir les positions d’encadrement requises. Ce sont les budgets, les plans stratégiques et les partenariats dans le ministère qui l’importent.
Aucune de ces choses n’est un mal en soi. Beaucoup d'entre elles sont essentielles. Mais elles ne doivent jamais être une fin en soi. Elles ne doivent jamais être le moteur qui propulse le véhicule. Elles doivent toutes exprimer quelque chose de plus profond dans le cœur du pasteur.
Le pasteur doit être fasciné par, émerveillé par, et amoureux de son Rédempteur afin que tout ce qu'il pense, désire, choisit, décide, dit et fait soit propulsé par l’amour pour le Christ et la sécurité qu’il trouve dans l'amour du Christ. Il doit être régulièrement exposé, humilié, assuré et reposé par la grâce de son Rédempteur. Son cœur doit être attendri jour après jour par sa communion avec le Christ, afin qu'il devienne un leader-serviteur aimable, patient, indulgent, encourageant et donnant. Sa méditation sur le Christ, sa présence, ses promesses et ses dispositions ne doivent pas être supplantées par sa méditation sur la façon de réaliser son ministère.
La protection contre tous les autres amours
Seul l'amour pour le Christ peut défendre le cœur du pasteur contre tous les autres amours qui risqueraient de kidnapper son ministère. Seule l’adoration du Christ a le pouvoir de le protéger de toutes les idoles séductives du ministère qui lui chuchoteront à l'oreille. Seule la gloire du Christ ressuscité le prémunira contre l'orgueil qui tente tous et détruit le ministère de grand nombre.
Seul le Christ peut transformer un jeune diplômé d’une faculté de théologie, arrogant et prêt à défier le monde, en un pasteur patient, humble et plein de grâce. Seule la gratitude profonde pour un Sauveur qui souffre peut rendre un homme prêt à souffrir dans le ministère. Seulement dans la faiblesse par rapport à son propre péché peut-on partager la grâce à d’autres rebelles parmi lesquels Dieu a appelé au service. On se sent libre de ne pas puiser son identité dans son ministère seulement si son identité est fermement enracinée dans le Christ.
Nous devons faire preuve de prudence dans nos définitions de la préparation au ministère et de la maturité spirituelle. Il y a un danger quand on se dit qu’une bonne éducation et une bonne formation en faculté de théologie sont une préparation complète au ministère ou si on confond la connaissance du ministère, un emploi du temps chargé, et les compétences avec la maturité spirituelle personnelle. La maturité est une mesure verticale qui aura une grande variété d'expressions horizontales. La maturité concerne la relation avec Dieu qui résulte en une vie sage et humble. La maturité de l'amour pour le Christ s’exprime dans l'amour pour autrui.
La gratitude pour la grâce du Christ s’exprime dans la grâce envers les autres. La gratitude pour la patience et le pardon du Christ permet d'être patient et indulgent envers les autres. L’expérience quotidienne de la délivrance de l'Évangile produit une passion pour ceux qui connaissent la même délivrance. Voilà le sol dans lequel le véritable succès du ministère poussera.