Pensées pastorales : L’Église, une gloire dissimulée (1 Timothée 3:14–16)

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English: Pastoral Pensées: The Church: A Hidden Glory (1 Timothy 3:14–16)

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Par Bill Kynes À Propos de La nature de l'Eglise
Partie de la série : Themelios

Traduction par Nadia Price

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Sommaire

Pensées pastorales : L’Église, une gloire dissimulée (1 Timothée 3:14–16)[1]

1. Introduction

Je ne proviens pas d’une maison évangélique, et bien qu’il ne me l’ait jamais carrément dit, je suis sûr que mon père ne voulait jamais que je devienne pasteur. Je ne peux pas lui reprocher, même pas un peu.

Mon père était un avocat de société qui se déplaçait dans des cercles de pouvoir et influence. Il avait été impliqué dans la politique et était ami avec des sénateurs et gouverneurs. Il était engagé dans le monde des grandes affaires avec ses salles de conférence et jets d’affaires de luxe. Il déjeunait avec des présidents d’université et des avocats à prix fort. J’avais l’impression qu’il pensait que l’église serait peut-être une bonne chose pour les enfants et les dames âgées ; elle serait un lieu pour se marier et être enterré ; mais il n’avait jamais l’air de la rapprocher à la vie réelle (du moins pas dans les domaines de la vie qui comptaient). Après tout, la seule fois qu’une église ait fait la une des journaux était quand un pasteur avait détourné des fonds ou agressé des enfants sexuellement. Les pasteurs qu’il connaissait semblaient avoir été du genre peureux qui savaient comment se comporter lors de réceptions et qui prêchait des messages moralistes plutôt tièdes sur un monde qui serait meilleur si nous faisions tous un peu plus d’efforts pour nous entendre. Je crois que mon père voulait un meilleur avenir pour son fils ; et je le respectais pour cela.

Je suis devenu chrétien au travers du programme « Young Life » au lycée. Mon père n’a pas compris ce qu’il se passait quand je suis parti à l’université et je me suis intégré dans une église. Je ressentais sa confusion quand je commençais à parler de devenir pasteur. Mon frère ainé était aussi un avocat, donc mon père se moquait de moi en disant que j’équilibrerais l’honneur familial, mais je ne pense pas que c’était vraiment ce qu’il voulait dire. Cela ne le dérangeait pas que j’étudie la théologie à Oxford, mais il était déconcerté par ma décision de laisser passer Harvard ou Yale, et au lieu de cela, j’ai étudié dans une école biblique qui s’appelle Trinity Evangelical Divinity School. Il n’en avait jamais entendu parler. Et quand je suis allé travailler en tant que pasteur dans une église en Virginie (une église qui comptait à peu près cent membres à ce moment-là, qui se rencontrait à l’étage d’une salle associative plutôt modeste), j’avais présumé que ça irait pour démarrer. Sûrement, je pourrai évoluer avec le temps. On trouve de grandes églises puissantes et impressionnantes, mais celle-ci n’en était pas une ; et vingt-deux ans plus tard, ce n’en est toujours pas une. Je pouvais comprendre comment ceci constituait une déception pour un père qui avait de grandes aspirations pour son fils.

1.1. L’Église : une Cendrillon modeste

C’est vrai : l’Église, qui remplissait autrefois une fonction prédominante au sein de la composition sociale de la société américaine, ne bénéficie plus du même respect. Il y a quinze ans, un journaliste local qui travaille pour The Washington Post, a décrit les chrétiens évangéliques d’Amérique étant « en grande partie pauvres, sans éducation et faciles à commander ».[2] Il y eût une vague d’indignation suite à ce commentaire, mais son exactitude importait peu parce qu’il captiva une perception réelle. C’est de cette manière que l’Église, évangélique en particulier, est perçue par beaucoup de l’extérieur. Ce n’est pas grand chose ; pas quelque chose que les gens qui réussissent, les gens qui réfléchissent, doivent vraiment considérer.

Bien que le livre récent de Michael Lindsay, Faith in the Halls of Power : How Evangelicals Joined the American Elite (La foi dans les couloirs du pouvoir ou comment les évangéliques ont rejoint l’élite Américaine),[3] suggère des changements, on peut encore dire que la fonction privilégiée remplie auparavant par l’église auprès du public Américain, aussi bien à proprement parler qu’au figuratif, est maintenant remplie par les gardiens profanes de notre culture (les journalistes, experts en politique, leaders académiques, et même certains conseils de zonage urbain) qui ne sont plus trop sûrs du rôle de l’Église dans le paysage Américain.

Malheureusement, cette vision médiocre de l’Église correspond non seulement à l’opinion prédominante de la société de manière générale ; elle est aussi présente parmi beaucoup de chrétiens. « Je peux être chrétien sans aller à l’église, n’est-ce pas ? » Et même beaucoup parmi ceux qui « vont à l’église » (une expression que j’hésite même à utiliser) sont souvent très indécis et tièdes dans leur engagement. Dans notre culture de la consommation, ils s’y rendent quand cela les arrange, ou bien ils y vont quand cela répond à leurs besoins. Nous avons ici toute une culture de chrétiens « Lone Ranger » (cavaliers solitaires) qui gardent une distance de sécurité de toutes les liaisons compliquées créées par une communauté d’église.

Qui a besoin d’une église ? Le livre Révolution de George Barna soulève cette même question.[4] Et c’est une question très pertinente à un passage que nous prendrons brièvement en considération (1 Timothée 3:14-16). Pour Paul, cette communauté de chrétiens que nous appelons l’Église était bien plus qu’un groupe commode de soutien spirituel. C’était plus qu’un club social visant à amoindrir notre solitude. L’Église, selon l’avis de Paul, était centrale aux fins de Dieu dans le monde.

1.2. La gloire cachée de l’Église

Paul, en écrivant à Timothée, déclare ceci : « Je t'écris cela avec l’espoir de te rejoindre bientôt. Cependant, si j’ai du retard, tu sauras ainsi comment il faut se conduire dans la maison de Dieu qui est l'Église du Dieu vivant, pilier et soutien de la vérité. » (1 Tim. 3:14 –15). [5] La conduite que Paul appelle les chrétiens à suivre à Éphèse est basée sur qui ils sont, et trois descriptions de leur identité sont incorporées dans ces deux versets.

2. L’Église en tant que famille de Dieu

Premièrement, Paul déclare que ces chrétiens se doivent de connaitre la conduite à adopter, textuellement, « dans la maison de Dieu ». Par cette phrase nous savons que Paul ne parle pas d’un bâtiment, un espace sacré qui exige un certain décorum solennel. Il fait allusion à la communauté de gens qui constitue l’Église. Ils sont la maison de Dieu ; ils sont la famille de Dieu.

Le langage familial est marquant dans cette lettre. Déjà au chapitre 3, verset 4, Paul a dit que les aînés doivent bien gérer leur propre ménage, parce que sans quoi, comment pourraient-ils gérer la maison de Dieu ? Au chapitre 5:1 -2, Paul exhorte Timothée à traiter les autres chrétiens d’Éphèse comme les membres d’une famille : « Ne réprimande pas rudement le vieillard, mais exhorte-le comme un père, les jeunes hommes comme des frères, les femmes âgées comme des mères, les jeunes comme des sœurs, en toute pureté ». Paul indique que l’Église assume la responsabilité familiale de s'occuper des veuves dans les cas où ces veuves n'ont aucune famille physique pour les soutenir (1 Tim. 5:4). L’image de l’Église que Paul présente ici est celle d’une famille.

2.1. Diriger comme une famille

Plusieurs implications découlent de cette vision d’une église. Premièrement, cela importe dans la manière dont nous structurons la direction d’une église, qui devrait un peu refléter la structure dont Paul donne les grandes lignes pour la maison dans d’autres passages (cf. surtout Éph. 5:22 — 6:4). Dans notre église, nous parlons des anciens comme ayant un rôle paternel avec une fonction de direction principale. Nous avons récemment institué un rôle particulièrement maternel dans notre église, qui consiste en une équipe de cinq femmes mûres et pieuses, nommées par les anciens, pour aider les anciens dans leur service pastoral auprès des femmes. Nous l’appelons l’Équipe Tite Deux. Ceci a très bien fonctionné, et cela renforce le modèle de l’église en tant que famille avec des rôles significatifs et distincts pour les maris et femmes, les pères et mères.

2.2. Les relations familiales

Le modèle d’une famille est reflété non seulement dans les structures hiérarchiques, mais aussi dans les liens entre les membres de l’Église. Vous pouvez choisir vos amis, mais vous êtes coincé avec votre famille. La question n’est pas : « Avons-nous de la sympathie l’un pour l’autre ? », mais plutôt « Allons-nous nous aimer l’un l’autre ? ». Ce n’est pas un choix de consommateur, mais un mandat divin. Les chrétiens se doivent d’exhiber une affinité provenant de liens de parenté, de liens du sang, à travers leur participation commune au sang salutaire du Christ.

2.3. La diversité familiale

Ce modèle de l’Église suggère aussi la nature de la composition d’une église. Elle consiste à refléter une diversité générationnelle autant que possible. Une famille comporte des jeunes et des personnes âgées : des enfants, grands-parents, tantes et oncles de tous âges, qui contribuent tous à la constitution de cette famille élargie. L’Église devient ce village, cette communauté morale, qui aide à façonner nos vies et la vie de nos enfants. Donc dans notre église, nous œuvrons à rapprocher les jeunes et les personnes âgées ensemble du mieux que nous pouvons. C’est un grand défi dans cette culture, mais c’est un impératif biblique si nous comprenons ce que l’Église devrait être.

2.4. Le dessein familial

L’Église est la maison de Dieu, la famille de Dieu, et contrairement à une entreprise commerciale ou même une organisation paraecclésiale, le succès d’une famille ne peut pas être mesuré sur une feuille de calcul. Une famille constitue un lieu de refuge, d’encouragement et de discipline. Elle constitue un lieu d’éducation, d’instruction et de soins. C’est une toile de rapports affectueux, qui se mettent au point alors que nous grandissons et mûrissons, devenant ainsi plus semblable à Dieu notre père et à Jésus Christ notre grand Frère. C’est de cette famille que nous vivons nos diverses vocations dans ce monde.

Une famille peut aussi avoir une mission, mais quand même, contrairement à un commerce, elle ne peut pas exclure ceux qui ne peuvent pas faire grand-chose pour contribuer à cette mission. Une famille forme un foyer, et comme Robert Frost l’a un jour décrit : « Un foyer est un endroit dans lequel, quand vous devez y aller, ils sont dans l’obligation de vous recevoir. »[6] Ce n’est pas le cas pour les organisations paraecclésiales et c’est pourquoi elles donnent parfois l’impression que les églises sont déplorablement inefficaces en comparaison ! Mais l’efficacité ne constitue pas la valeur principale de l’Église. Votre valeur au sein de l’Église ne provient pas du montant de votre contribution à la mission, mais du fait que vous êtes aimé par notre Père Céleste. Un enfant sous-performant n’est pas renvoyé de sa famille. En effet, parfois un enfant avec difficultés ou en mauvaise santé (l’enfant qui « produit » très peu) est celui qui reçoit le plus d’amour et d’attention. C’est pourquoi l’Église attire souvent beaucoup de gens maladifs (des gens bizarres, socialement gauches, dans le besoin). L’Église est l’un des endroits rares dans lesquels ces gens seront reçus et trouveront l’acceptation et l’amour qui reflètent l’amour et l’acceptation de Dieu dans l’évangile.

2.5. Chrétiens sans abris

Les chrétiens qui disent « Je peux être chrétien sans faire partie d’une église » passent à côté de l’essentiel. Autant dire que je peux naître sans faire partie d’une famille. Cela se peut, mais qui le voudrait ? L’appartenance à une église locale fait partie de la signification du christianisme. Tout comme le mariage, la vie de chrétien ne peut pas se faire seule. Puisque l’Église est la famille, la maison de Dieu. En contraste de notre culture postmoderne qui donne un sentiment terrible d’être dans la rue, aussi bien du point de vue social que cosmique, je ne vois aucun pôle attractif aussi puissant que de trouver un chez soi au sein de la famille de Dieu.

3. L’Église en tant que peuple rassemblé de Dieu

L’Apôtre parle aussi des chrétiens d’Éphèse à titre de « maison de Dieu, qui est l’Église du Dieu vivant ». Ils sont l’Église du Dieu vivant, pas de la Société des poètes disparus. Notre Dieu est bien vivant. Il œuvre parmi son peuple, et cette présence divine vivante distingue une église de toute autre assemblée humaine. Sans cette présence, une église n’est rien qu’un groupe d’efforts autonomes, simplement un club de service social, une amicale.

La présence de Dieu parmi son peuple est peut-être la promesse biblique centrale de l’alliance : « J’habiterai et je marcherai au milieu d’eux, dit le Seigneur, je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. » Dans le NT (Nouveau Testament), cette promesse prend une forme particulière quand Jésus dit, « Car là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux » (Matt. 18:20). En Christ, Paul affirme, nous « sommes édifiés ensemble pour être une habitation de Dieu en Esprit. »

Quelle idée incroyable : si vous voulez trouver Dieu dans le monde aujourd’hui, la Bible dit que ce n’est pas la peine de chercher dans les Chambres du Congrès ou dans les salles de conférence de l’université Harvard ou dans les villas bourgeoises à Hollywood. Si vous voulez trouver Dieu dans le monde d’aujourd’hui, la Bible dit qu’il faut chercher dans une assemblée ordinaire de croyants chrétiens dans une église locale, qui constitue le peuple rassemblé du Dieu vivant.

4. L’Église comme pilier et la protectrice de la vérité

Enfin, Paul décrit les croyants dans l’épître aux Éphésiens comme étant « le pilier et le fondement de la vérité ». À première vue, il semble étrange que Paul dise que l’Église est ce qui soutient et protège la vérité. Dans Éph. 2:20, Paul dit que la vérité est le fondement de l’Église. Par rapport à la source de l’Église, sa vie, sa santé, l’Église doit être bâtie sur la vérité de l’évangile. Il ne peut y avoir aucun autre fondement. Mais par rapport à la mission de l’Église de glorifier l’évangile auprès du monde, l’Église elle-même soutient et protège la vérité.

Mais n’est-ce pas le travail de l’école biblique de protéger la vérité ? N’admirons-nous pas les érudits bibliques et théologiens d’école comme la Trinity Evangelical Divinity School en nous attendant à ce qu’ils nous guident théologiquement pour que nous ne tombions pas dans l’erreur ? Eh bien, oui, on trouve beaucoup d’écoles bibliques qui enseignent des absurdités théologiques. Comment la Trinité peut-elle en être protégée ? Il en retourne toujours de l’Église. Sans aucune liaison avec des églises locales ni dépendance de celles-ci, sans aucune responsabilité envers la foi du peuple de Dieu dans les églises, combien d’institutions académiques se sont éloignées seules vers toutes sortes de détours et impasses théologiques ?

Mais n’est-ce pas le travail du pasteur d’être le pilier et le protecteur de la vérité ? Eh bien, oui, mais les églises, surtout au sein de notre tradition d’Église Libre, ont beaucoup à dire sur le genre de pasteur auxquels elles font appel. Encore une fois, en fin de compte, c’est le rôle de l’Église d’être le pilier et la protectrice de la vérité.

4.1. Une vérité qui doit être vécue

La vérité qui doit être protégée n’est pas simplement ce qui est enseigné, mais aussi ce qui est vécu. Dans notre monde postmoderne dans lequel les gens sont sceptiques sur la notion même de la vérité et sont très méfiants d’arguments rationnels à l’appui de la vérité, c’est de plus en plus le cas que la vérité que nous proclamons en Christ doit être perçue et vécue si elle se doit d’être crue. C’est dans le cadre de la vie d’église que nous nous devons d’afficher cette vérité merveilleuse de l’amour de Dieu et de la grâce en Jésus Christ en déclarant : « Viens, goûte et vois que le Seigneur est bon ».

C’est pourquoi Paul est tellement préoccupé par la manière dont les croyants se comportent dans l’Église. Nos vies font partie du message de la vérité que nous sommes appelés à proclamer au monde. Si nos vies ne sont aucunement différentes de celles autour de nous, si l’évangile n’a aucune répercussion sur notre façon de nous rapprocher des autres, de gérer notre argent, de travailler, d’aborder les épreuves, ou même notre façon d’aborder la mort, alors pour quelle raison quelqu’un devrait-il croire ce que nous avons à dire ?

La nouvelle humanité en Christ que Dieu crée par l’évangile devrait elle-même être personnifiée et exposée au monde à travers l’Église. L’Église constitue les premiers fruits de ce qui est à venir. Selon les paroles de John Howard Yoder, « L’Église communique au monde ce que Dieu a prévu de faire, parce que cela montre que Dieu a commencé à le faire. »[7] L’Église est missionnaire depuis son commencement, car son existence même est une démonstration de ce que l’évangile proclame. Le moyen est en effet une partie essentielle du message. L’Église est un témoin vivant de cette bonne nouvelle de l'œuvre de Dieu dans le monde. Elle se doit d’être le pilier et la protectrice de la vérité.

4.2. Le mystère de la piété

L’Église est la maison de Dieu, le peuple rassemblé du Dieu vivant, le pilier et la protectrice de la vérité ; est-ce que cela correspond à ce que le monde perçoit quand il observe votre église ou mon église ? N’est-ce pas un peu romantique ou idéaliste ? Paul adresse justement cette question dans ce qui suit.

« Et il faut avouer que le mystère de la piété est grand : celui qui a été manifesté en chair, justifié en Esprit, est apparu aux anges, a été prêché parmi les nations, a été cru dans le monde, a été élevé dans la gloire. » (1 Tim 3:16)

Le mystère de la piété est l’histoire de Jésus Christ, qui est venu dans ce monde en tant que bébé dans une mangeoire. Il a vécu comme l’un de nous et a connu la mort indigne d’un criminel, néanmoins il a eu gain de cause par l’Esprit quand il est ressuscité du tombeau le jour de Pâques. Il avait à témoin ceux du royaume angélique, mais par tout le monde ici sur la terre. Il fallait que son histoire soit prêchée au monde ; et il faut encore que beaucoup y croient. C’est seulement à ce moment-là qu’il recevra la gloire qui lui appartient.

Il s’agit d’un mystère, mais pas dans le sens que personne ne le comprend, mais que personne ne pourrait le comprendre si Dieu ne l’avait pas maintenant révélé. Jésus est venu pour apporter le royaume de Dieu, et il l’a fait ; mais pas dans la puissance et la gloire. Il a apporté le royaume dans le monde silencieusement, mystérieusement ; comme un grain de moutarde minuscule qu’on plante dans la terre, comme un peu de levure dans une boule de pâte. Celui-ci fait son travail sans fanfare et est seulement visible aux yeux de la foi.

La présence du royaume est maintenant incarnée dans un peuple particulier que Jésus appelle son corps, l’Église. Ceci est un mystère profond et merveilleux, et c’est le même mystère qui a été révélé à Jésus lui-même. Il s’agit du schéma de modestie et d’humilité dans ce monde ; une véritable identité dissimulée et masquée, vue seulement par ceux qui ont des yeux pour voir. Seulement par la suite elle aura gain de cause devant le monde. Tel Maître, tels disciples.

La déclaration de Dorothy Sayers me vient à l’esprit : « Dieu a subi trois grandes humiliations dans ses efforts de délivrance de la race humaine. La première était l’incarnation, quand il a revêtu les limites du corps humain. La deuxième était la Croix, quand il a souffert l’ignominie d’une exécution publique. La troisième humiliation est l’Église. Par un acte grandiose d’abnégation de soi, Dieu a confié sa réputation à des gens ordinaires. »

Dieu a confié son honneur à des gens qui, selon Paul, n’étaient pas sages selon la chair, ni puissants, ni nobles (1 Cor. 1:26). Il aurait pu affirmer « des gens qui sont en grande partie pauvres, incultes et facilement influençables ». Cela ne correspond pas aux attentes de qui que ce soit sur le royaume de Dieu. C’est le mystère de l’église : « Dieu a choisi les choses folles du monde pour confondre les sages ; Dieu a choisi les choses faibles du monde pour confondre les fortes ; Dieu a choisi les choses viles du monde, celles qu’on méprise, celles qui ne sont pas, pour ne réduire à rien celles qui sont, afin que nulle chair ne se glorifie devant Dieu. » (1 Cor. 1:27 -29).

Qui aurait cru, en la regardant récurer le plancher, que Cendrillon serait la star du bal ? C’est pourtant bien ce que nous sommes. En tant qu’Église du Christ nous sommes comme Cendrillon — choisis par Dieu par sa grâce pour partager la gloire et splendeur même de Jésus Christ, notre seigneur.

L’Église est la pièce centrale des objectifs de Dieu pour l’humanité. Paul déclare que c’était le dessein de Dieu qu’« ainsi désormais les principautés et les pouvoirs dans les lieux célestes connaissent par l’Église la sagesse de Dieu dans sa grande diversité, selon le dessein éternel qu’il a réalisé par le Christ-Jésus, notre Seigneur. » (Éph. 3:10 –11).

Cela correspond bien au thème de la Bible dans son ensemble, n’est-ce pas ? Le dessein de Dieu est de défaire le péché d’Adam, de réclamer les hommes et les femmes déchus pour son royaume, de créer une nouvelle société, une nouvelle humanité. L’Église se doit d’être cette nouvelle humanité « en cours de fabrication », une nouvelle communauté dans laquelle le règne du royaume de Dieu est confessé et vécu dans le monde.

Est-ce si difficile à croire ? Ça l’est quand j’observe mon église, pleine de gens très ordinaires et de tous les défauts auxquels les gens ordinaires sont enclins. C’est difficilement un groupe de gens qui va changer le monde. Est-ce possible que ce soit à cela que Paul l’Apôtre fait allusion ? Mais pensez donc comme c’était difficile de croire qu’un fils de charpentier de la petite commune éloignée de Nazareth qui a été crucifié comme un criminel par un gouverneur romain est le Fils de Dieu et le Sauveur du monde. C’est un mystère ; un mystère que seulement la foi peut saisir.

4.3. Les ambassadeurs d’un roi contesté

En tant que pasteurs, beaucoup de choses sont là pour nous décourager. Nous pouvons nous sentir insignifiants devant les gens puissants et influents de notre ère. Nous sommes engagés dans ce qui a été appelé une « profession perplexe » dans notre monde moderne, et en conséquence, beaucoup cherchent à rendre ce rôle plus professionnel. C’est tentant de rechercher une reconnaissance et une validation de la culture qui nous entoure.

Richard Neuhaus compare notre situation actuelle à celle d’ambassadeurs d’un roi contesté.[8] En comparaison avec les autres membres du corps diplomatique dans les cours du monde, ambassadeur pour Christ est poste délicat. La plupart des ambassadeurs portent l’autorité des souverainetés qu’ils représentent et ils sont légitimés par celles-ci. Mais la souveraineté de celui que nous déclarons représenter est elle-même en question. Cette revendication est sous l’ombre de l’histoire, ombragée par une preuve puissante contre sa souveraineté. L’ombre ne sera pas dissipée, la question ne sera pas répondue, jusqu’à ce qu’il revienne dans sa gloire.

La tentation, d’après ce que Neuhaus suggère, permet de soulager l’embarras de notre position en acceptant une moindre autorité d’un autre royaume. Autrement dit, nous sommes tentés de suivre leurs règles. Nous sommes tentés d’user des pouvoirs de cette ère (le pouvoir de l’argent, la réputation académique, l’influence politique, ou autre chose) pour forcer les autres membres dans la cour du monde à nous écouter. Mais c’est justement ce que nous devons faire, car jusqu’à son arrivée, notre Roi trône à la croix ; et il nous a appelés à ne revendiquer aucune autorité à part celle de son amour souverain, plein de souffrances, pour le monde. Nous sommes appelés à nous accrocher à ce mystère de la foi.

5. Conclusion

Être pasteur n’est pas facile, mais voici ce qui m’encourage. Voici ce qui me maintient. Voici ce que me fait penser que je ne pourrais rien faire de plus important avec ma vie dans le monde entier que de servir en tant que pasteur dans une église locale. Comme nous considérons les églises locales tout à fait ordinaires que nous servons, que nous adoptions la vision de l’Église de Paul : la famille de Dieu, le peuple rassemblé du Dieu vivant, le pilier et la protectrice de la vérité, témoignant aux pouvoirs du royaume invisible, la sagesse diverse des desseins mystérieux de Dieu pour sa propre gloire.

  1. Ce discours avait initialement été présenté au rassemblement annuel de pasteurs de la Coalition de l’évangile (Pastors’ Colloquium of The Gospel Coalition) à Deerfield dans l’Illinois aux États-Unis le 28 mai 2008.
  2. Kevin Merida et Helen Dewar, In Boom of Phone and Fax Activism, Citizens Give Government an Earful, The Washington Post (1 février 1993) : A1.
  3. D. Michael Lindsay, Faith in the Halls of Power : How Evangelicals Joined the American Elite (Oxford: Oxford University Press, 2008).
  4. George Barna, Revolution (Wheaton: Tyndale House, 2006).
  5. Sauf mention contraire, tous les versets sont extraits de la Sainte Bible, Version de la Colombe et la New International Version® pour la version anglaise. Droits d'auteur pour la version anglaise New International Version © 1973, 1978, 1984 par la International Bible Society. Utilisé avec la permission de la maison d’édition Zondervan Publishing House.
  6. From The Death of the Hired Man. Ce poème continue ainsi dans sa version originale : « I should have called it / Something you somehow haven’t to deserve. »
  7. John Howard Yoder, The Royal Priesthood: Essays Ecclesiastical and Ecumenical (ed. Michael G. Cartwright ; Scottdale, Pennsylvania: Herald, 1998), 126.
  8. Richard John Neuhaus, Freedom for Ministry (Grand Rapids: Eerdmans, 1992), 69–71.