Les Ministres de Grâce Nécessitent de la Grâce
De Livres et Prédications Bibliques.
Par Paul Tripp À Propos de Ministère
Traduction par Patrick Essiangne
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J'étais un homme très coléreux. Le problème était que je ne le savais pas. Mon épouse, Luella, le savait bien. Mes enfants également le savaient. Mais moi, pas du tout. Luella était très fidèle en me le faisant comprendre avec tout le manque d’amour pour ma famille qui en résultait. Elle le fit plusieurs fois et avec beaucoup de grâce. Mais je n'écoutais pas. Encore et encore, je m'entourais de robes de justice pour lui indiquer que j'étais un très bon mari. Je disais que je prierais pour son problème sans réel plaisir. (Cela l'a aidée!) J'étais un homme prêt à détruire mon mariage, ma famille et mon ministère, et je ne m’en rendais pas compte.
C'est embarrassant d'avouer, mais lorsque Luella me confronta, je répondis humblement que : « Quatre-vingt-quinze pour cent des femmes dans notre église aimeraient bien être mariées à un homme comme moi ». (Luella m'informa, très rapidement, qu'elle faisait partie des 5% !) J'étais certain que personne n'avait une image plus précise de moi que moi. Et dans mon aveuglement, je ne pus voir et craindre le désastre vers lequel j’allais.
Sur le chemin du retour, à la fin d’une semaine de formation du ministère, mon frère Tedd suggéra que nous pratiquions dans nos vies personnelles, ce que nous avions appris. Il commença ensuite par poser des questions sur mon mariage. Au fur et à mesure qu’il m’interrogeait, c'était comme si Dieu enlevait les rideaux, et je me voyais et je m’entendais très clairement pour la première fois depuis des années. Louez Dieu pour la spécificité du ministère du Saint-Esprit qui convainc. Dès que mes yeux étaient ouverts, je ne pouvais pas croire ce que j'avais dit et fait. J'étais brisé et dépité. C’était difficile pour moi de croire que j’étais cet homme que je voyais. J’étais impatient de rentrer à la maison.
Quand j’entrais dans ma maison ce soir-là, Luella sut qu’il y avait quelque chose de nouveau qui se produisait. Je lui demandai si nous pouvions parler. Nous nous assîmes et je dis: «Je sais que depuis quelques années tu essayais de me parler de ma colère et de mon incapacité à aimer, toi et les enfants comme je devrais, et que je n'écoutais pas. Je peux dire que je suis prêt à écouter ce soir. Je veux entendre ». Je n'oublierai jamais ce qui se passa ensuite. Luella se mis à pleurer. Elle me dit qu'elle m'aimait et parla ensuite pendant deux heures. Pendant ces deux heures, Dieu commença à défaire et à reconstruire complètement mon cœur. Le type de travail que seule sa grâce peut faire. Le mot clé est processus. Je n'étais pas changé par la foudre divine, mais j'étais maintenant un homme avec les yeux ouverts, les oreilles ouvertes et un cœur volontaire.
Les semaines suivantes furent très difficiles car je voyais cette colère partout. Mais je vécus l’expérience de la douleur transformative de la grâce. Dieu fit que cette colère devienne si repoussante pour moi que je ne voudrais plus jamais l’avoir. Par la grâce de Dieu, cette vie dominée par la colère a disparu. Bien sûr, je peux me fâcher pendant un moment, mais la grâce a ôté le pouvoir de cette vieille colère de mon cœur.
Je racontai mon histoire à bon nombre de pasteurs réunis partout dans le monde. Après avoir entendu mon histoire, je fus toujours approché par d'autres pasteurs qui avouèrent passer par là. Je relate mon histoire ici car elle capture les thèmes qui composeront le contenu de mes colonnes hebdomadaires.
1. La réalité de l'aveuglement spirituel dans la vie du pasteur. Si le péché aveugle, et c'est le cas, tant que le péché habitera dans le cœur d'un pasteur, des poches d'aveuglement spirituel y résideront. Et comme je l'ai écrit ailleurs, la chose qui fait peur avec les personnes spirituellement aveugles, est qu'elles sont aveugles à leur aveuglement. Cela signifie que le pasteur nécessite «l'instrument de vision» dans sa vie autant que ceux qu’il dirige dans son ministère (voir Hébreux 3: 12-13).
2. Le fait qu'un pasteur est un homme à l’intérieur de sa propre sanctification. Être un pasteur ne veut certainement pas dire être un diplômé de la grâce. Jusqu’où prenons-nous au sérieux le besoin continu de croissance et de changement dans le cœur et la vie de ceux d'entre nous qui dirigent ou parmi ceux qui dirigent? C’est impossible pour un pasteur d'enseigner ou de prêcher quelque chose dont il n'a pas désespérément besoin.
3. Ce qui est indispensable au pasteur pour le ministère du corps de Christ. Comment se fait-il que dans de nombreuses églises nous avons érigé une culture où le pasteur vit au-dessus ou en dehors du corps du Christ? Réfléchissez sur cela : Si Christ est la tête de son corps, alors tout le reste n'est que corps. Puisque le pasteur est un membre du corps de Christ, il a totalement besoin de l’œuvre pour laquelle le corps a été créé (voir Éphésiens 4: 1-16).
4. Les tentations uniques du ministère. Il existe un ensemble unique d'idoles trompeuses et séduisantes qui accompagnent le ministère pastoral. Dans le ministère, il est facile de prendre la construction du royaume de soi pour la construction du royaume de Dieu, car dans le pastorat, vous construisez les deux royaumes en faisant le ministère !
5. La recherche déterminée de la grâce dans la vie du pasteur. La sécurité personnelle et ministérielle d'un pasteur ne provient pas de ses connaissances, son expérience ou ses compétences. Non, son lieu de repos et d’espérance est exactement le même que celui de ceux qu’il dirige dans son ministère : la grâce de Jésus-Christ qui sauve et transforme. Cette grâce ne manquera jamais de le poursuivre et elle le sauvera encore et encore, souvent à des moments où il ne se rend pas compte de la nécessité d'être secouru. Avec l'honnêteté diagnostique et l'espérance éternelle et les écrites d'un pasteur aux pasteurs, c'est pour célébrer cette grâce que cette chronique hebdomadaire est réalisée.