Les Mensonges que les Chrétiens Croient à Propos d’Eux-Mêmes

De Livres et Prédications Bibliques.

Tim Keller dit qu’il est plus facile de sortir les gens de l’esclavage que de sortir l’esclavage des gens. Quand les Israélites sortaient d’Égypte, ils portaient en eux une servitude plus sévère dans leur mentalité, dans leur cœur, dans leurs modèles de comportement. Bien que libres, ils n’avaient pas encore l’état d’esprit d’homme libre. Sans tarder, ils suppliaient pour retourner en arrière (Exode 16:3).

On peut dire la même chose des enfants de Dieu au sujet de notre nouvelle identité en Christ. Il est plus aisé de sortir de l’état d’orphelin que de sortir du sentiment d’être orphelin.

Bien que Dieu nous ait transférés du domaine des ténèbres, nous ait mis dans le royaume de son Fils bien-aimé et nous ait accordé l’Esprit d’adoption en tant que fils – tout son bon plaisir – nous pouvons encore nous imaginer vêtus de haillons spirituels, attendant que notre Père non convaincu détermine si son choix de nous avoir était le bon. Bien que nous soyons adoptés, purifiés, dotés d’un nouveau nom, d’une nouvelle identité, d’un Esprit nouveau, nous pouvons continuellement penser comme des orphelins, nous sentir comme des orphelins, nous comporter comme des orphelins.

Et certains malentendus et slogans théologiques peuvent renforcer notre perception erronée. Les erreurs doctrinales et les disproportions scripturales peuvent augmenter notre sentiment d’aliénation que nous sommes déjà enclins à ressentir. Ou du moins, c’est ce qui s’est fait pour moi. Nous pouvons croire des mensonges sur nous-mêmes (ou soutenir que des demi-vérités sont des vérités complètes) qui nous rendent orphelins dans notre cœur alors que Dieu le Père n’a pas épargné Christ afin de faire de nous des fils et des filles. Voici certains de ces mensonges.

« Je Suis un Orphelin Mendiant »

Martin Luther déclara sur son lit de mort : « Nous sommes tous des mendiants, c’est vrai. » En effet, nous nécessitons tous la miséricorde et de la provision de Dieu ; en dehors de Christ, nous n’avons rien. Oui, et amen (Jean 15:5).

Toutefois avec quelle facilité cette affirmation d’humilité pourrait-elle déformer si elle se faisait passer pour l’ensemble. « Mendiants » n’est pas le résumé le plus intéressant de la vie Chrétienne. En Christ, nous ne sommes plus des orphelins mendiants, sales et vêtus de haillons, levant nos bols vers Dieu en nous demandant s’il serait prêt à nous accorder juste un peu plus de ragoût. Dans le Fils, nous aussi sommes actuellement fils et filles du Roi. Dieu nous a accordé l’autorité, dit-il, et le pouvoir comme ses enfants par la nouvelle naissance (Jean 1:12-13).

Nous ne sommes plus dans les champs à nourrir les porcs (Luc 15:16). Par l’acte gracieux de notre meilleur frère aîné, nous sommes retournés vers notre Père céleste, et il a couru à notre rencontre, pour nous recevoir à la maison. Nous avons déjà essayé notre posture maladroite de pénitence, en lui déclarant que nous sommes heureux d’être simplement un serviteur salarié, un orphelin travailleur – et il ne l’a pas voulu. Son amour ferme, calme nos murmures sur notre indignité (comme si notre dignité avait déjà suscité son amour en premier lieu). Nous n’avons jamais été dignes de devenir enfants de Dieu, cependant son adoption nous rend dignes d’être appelés enfants de Dieu et de vivre comme des fils et des filles à part entière.

Refuser l’anneau, la robe, le veau gras n’est pas de l’humilité ; cela est une atteinte à la grâce du Père. Il ne nous a pas invités à la fête pour rappeler constamment aux invités que nous ne sommes en réalité que des mendiants, après tout. Si l’on prend cela comme thème fondamental de notre christianisme, cela déshonore notre Père miséricordieux. Avec Mephibosheth, nous pouvons nous étonner que Dieu nous ait trouvés comme des « chiens morts » et nous ait donné une telle faveur (2 Samuel 9:7-8), tout en reconnaissant que, par pure grâce, nous ne sommes plus les mêmes chiens morts qu’il a trouvés. Quand notre Père nous appelle fils et filles, nous le sommes.

« Tout Ce Que Je Fais, C’est Déplaire à Dieu »

Nous pourrions également penser que si Dieu est satisfait de nous, c’est seulement à cause de la perfection de Jésus, et de rien de ce que nous pouvons dire ou faire. Certes, Dieu n’est jamais satisfait de nous en dehors de notre frère aîné, parce que seul Christ nous gagne entièrement sa faveur (Romains 4:5). Cependant une fois acquittés par son œuvre achevée sur la croix, et déclarés justes en lui, il est faux de penser que nous restons invisibles, incapables de faire quoi que ce soit afin de plaire à notre Père. Trop de gens croient, comme je l’ai fait autrefois, qu’ils ne peuvent pas lui plaire par ce qu’ils font véritablement par la foi.

Un texte familier sur les haillons sales semble le prouver, quand il est utilisé comme slogan : « Nous sommes tous comme des impurs, Et toute notre justice est comme un vêtement souillé » (Ésaïe 64:6). Considérez toutefois qu’Ésaïe est envoyé pour servir un Israël rebelle, au cœur dur et adultère (Ésaïe 6:9-13) ; Il ne parle pas à l’épouse de Christ. Ses auditeurs vénéraient des dieux étrangers, tandis que leurs cœurs luttaient contre lui. Aucun parmi eux n’invoquait le Seigneur (Ésaïe 64:7). Leurs « œuvres justes » étaient des haillons souillés car la rébellion et l’idolâtrie caractérisaient leur vie. Leurs bonnes actions éventuelles ne pouvaient pas corrompre la faveur de Dieu.

Il est toujours vrai que ceux qui marchent suivant la chair ne peuvent pas plaire à Dieu (Romains 8:8). Mais les chrétiens marchent suivant l’Esprit, non suivant la chair (Romains 8:9). On nous dit que ce que nous faisons par la foi dans l’œuvre achevée de Christ est agréable à Dieu. Que cela se révèle en nous. Et c’est une raison pour chercher la sainteté.

Cela plaît à Dieu quand nous luttons contre le péché et vivons une vie sainte (Hébreux 13:20-21). Cela plaît à Dieu quand nous passons du temps dans sa parole et que nous augmentons la connaissance en son Fils (Colossiens 1:10). Cela plaît à Dieu quand nous obéissons à nos parents pour lui (Colossiens 3:20). Cela plaît à Dieu quand nous offrons notre corps en sacrifice vivant (Romains 12:1). Cela plaît à Dieu quand les pasteurs enseignent la Parole avec fidélité (1 Thessaloniciens 2:4). Cela plaît à Dieu quand, au lieu de nous plaindre constamment d’eux, nous prions pour les rois et les présidents (1 Timothée 2:1–3). Cela plaît à Dieu quand nous partageons nos biens terrestres avec les autres (Hébreux 13:16). Cela plaît à Dieu quand nous respectons ses commandements (1 Jean 3:22) — et bien plus encore.

Quand nous recherchons la pureté plutôt que la pornographie, la paix plutôt que l’anxiété, l’amour plutôt que la dureté, nous faisons plaisir à notre Père. Oui, il est attristé par notre péché, et il se réjouit des bonnes œuvres de ses enfants planifiées par Dieu, rendues puissantes par l’Esprit, exaltantes par Jésus, remplies de foi et réalisées par l’homme.

« Je Suis Destiné à Échouer »

Enfin, croire que vous pouvez plaire à Dieu est inutile si vous croyez que vous êtes destiné à abandonner éventuellement Christ à cause de vos anciens péchés. Si vous parcourez le pays et que votre incrédulité aperçoit à l’horizon des géants de tentation que vous « ne pourriez jamais vaincre », vous ne resterez pas longtemps à les combattre. Des vies passées de péché peuvent hanter les résolutions actuelles, nous convainquant que nous finirons par « recommencer » et retourner au style de vie que nous détestons maintenant.

Pour renforcer cette impuissance acquise, certains citent Jérémie déclarant : « Le cœur est tortueux par-dessus tout, et il est méchant : Qui peut le connaître ? » (Jérémie 17:9). Nous sommes voués à l’échec, concluent-ils, en ayant un cœur malade au milieu de qui nous sommes. Cependant cela n’est plus vrai non plus pour le chrétien. Remarquablement, Dieu nous donne un cœur nouveau avec une nouvelle puissance afin de lui obéir et marcher dans ses voies.

Les personnes auxquelles Jérémie s’adressait avaient un cœur malade et trompeur, entêté, idolâtre et marqué par le péché (Jérémie 17:1). Mais Jérémie parlait d’un jour futur où Dieu conclurait une nouvelle alliance avec son peuple, une alliance qui inclurait la promesse de nouveaux cœurs sur lesquels la loi de Dieu serait écrite (Jérémie 31:33) et qui craindraient Dieu pour toujours et ne se détourneraient pas de lui (Jérémie 32:38–41).

Ce nouveau peuple, avec ces nouveaux cœurs, est nommé l’Église. Pour chaque enfant de Dieu aujourd’hui, il enlève nos cœurs de pierre pour les remplacer par des cœurs de chair qui sont sensibles à ses instructions (Ézéchiel 36:26). Si vous êtes chrétien, vous disposez d’un nouveau cœur qui n’est pas votre ancien cœur corrompu. Vous n’êtes pas encore la personne sans péché que vous serez, cependant vous êtes véritablement une nouvelle création, avec un nouveau centre, une nouvelle identité, un nouveau cœur. Bien que vous soyez toujours en guerre contre la partie non rachetée de vous-même nommée la chair, la citadelle n’est pas envahie par l’ennemi. Nous faisons « de bon cœur la volonté de Dieu » (Éphésiens 6:6). Et Dieu nous offre son Esprit pour le garantir.

En Christ, vous n’avez pas uniquement le statut de fils ou de fille du roi, mais vous avez accès à la puissance divine afin de combattre et vaincre tout péché dans votre vie pour vivre dans la sainteté (2 Pierre 1:3). Ne croyez pas le mensonge selon lequel vous êtes coincé dans une vie chrétienne à peine sauvée, essentiellement dépravée et orpheline. Vous n’êtes pas destiné à chuter. Vous n’avez pas été choisi pour constamment déplaire à votre Père.

Si nous sommes à lui, nous sommes actuellement des enfants authentiques, bien-aimés et adoptés de Dieu, qui ont besoin que davantage d’orphelins nous soient retirés quotidiennement, jusqu’à ce que nous le voyions enfin et que tous les doutes persistants disparaissent.