Si vous croyez avoir réussi

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English: If You Think You've Arrived

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Par Paul Tripp À Propos de Le Ministère Pastoral

Traduction par Barrack Onyango

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Je ne m’en étais pas rendu compte, mais je me jouissais de la célébrité lors des premières années de mon ministère au « Coal Country ». Je m’étais totalement engagé au travail dans une petite église et une école chrétienne qui s’accroissaient rapidement. J’étais à mon élément, on produisait du fruit dans une région qui n’avait jusqu’alors connu aucun changement, et tout le monde était ravi. Les gens n’hésitaient pas à faire manifester leur reconnaissance à toute occasion qui se présentait. Pourtant, sans le savoir, je m’attribuais tout le mérite.

Je n’étais nullement conscient de mon orgueil, mais un jour, un homme s’est approché de moi, et a demandé à me parler. Je pensais qu’une de mes prédications glorieuses l’avait tellement touché qu’il était venu chercher du conseil. On s’est rencontré un soir au restaurant local. Nous avons chacun commandé un repas, que nous n’avons même pas touché à la fin de notre rencontre. Il ne cherchait pas à me parler de lui-même, il a pris des heures à me donner un exemple après un autre de mon orgueil. Il a conclu que je le prenais de ma responsabilité de « donner le dernier mot à toutes choses ».

J’étais dévasté. Je me suis dit qu’il m’avait sans aucun doute mal compris, et qu’il avait été un peu dur avec son jugement. Mais ses paroles me perturbaient, et j‘ai alors contacté mon frère Tedd son opinion. Il m’a donné le meilleur conseil, mais aussi le plus difficile à suivre. Il a dit, tout simplement : « Ne l’ignore pas ». Lors des semaines suivantes, j’ai essayé de suivre de près mes paroles et mes actions. Je me suis rendu compte que j’étais devenu un homme orgueilleux qui attribuait de façon subtile et non-subtile les mérites qui n’appartenaient qu’à la grâce. Ce n’était plus moi qui parlais. Je voyais en moi un jeune pasteur qui se prenait pour avoir réussi.

Cependant, je ne peux pas déclarer aujourd’hui que je me suis totalement libéré de toutes les délusions de grandeur des premières années de mon ministère. Parfois les commentaires d’un croyant reconnaissant renaissent en moi un esprit de mérite égoïste. Je me trouve à me défendre parfois si quelqu’un ose me poser des questions que je prends pour trop sensibles. Dans d’autres occasions, j’attribue plus de mérite à moi-même qu’à Christ. Je me jouis de ma justice, et je prends les louanges des gens comme une confirmation de l’orgueil de mon cœur. J’ai toujours besoin d’aide, et je peux heureusement compter sur la grâce transformatrice de Christ pour me secourir de moi-même.

Quelles sont donc les caractéristiques d’un pasteur qui se prend pour avoir réussi ? Un tel pasteur :

Considéra que ses prédications sont destinées uniquement à son assemblée.

Le pasteur Sean Ferguson a dit qu’il s’efforce toujours à suivre de près dans sa vie les paroles de ses prédications. En effet, votre propre préparation doit toujours être une reconnaissance d’un manque spirituel, d’un appel au secours divin, et d’une célébration d’une grâce réelle et infinie. D’après les paroles d’Esaïe 6 : « Je suis un homme dont les lèvres sont impures, j’habite au milieu d’un peuple dont les lèvres sont impures ».

Tout pasteur qui se prend pour avoir réussi prépare ses prédications d’une position élevée, pour une assemblée qui a toujours besoin des choses qu’il avait malheureusement rejetées dans sa propre vie. Avez-vous, vous-même, besoin de toutes ces vérités que vous préparez à chaque occasion pour les autres ?

Ne reconnaitra pas le ministère du corps de Christ.

Un sentiment de réussite produit des croyances d’autosuffisance. Une personne qui se prend pour sage n’acceptera pas la sagesse d’un autre. Une personne qui se prend pour mûre ne cherchera pas la protection des autres. Une personne qui pense avoir une foi mûre ne sera pas prête à recevoir l’encouragement qui donne courage à ses prochains. Une personne qui ne reconnait pas ses péchés ne comprendra pas la nécessité de se confesser ou d’écouter les conseils ni les avertissements des autres. Une personne qui se croit suffisamment forte pour résister toute tentation ne cherchera pas le soutien de ses prochains, ni leurs prières.

Des sentiments de réussite, qu’ils soient conscients ou pas, vous sépareront au fur et à mesure du ministère important, protecteur et sanctifiant du corps de Christ.

Attendra de tous un état de perfection qu’il croit avoir lui-même achevé.

Le ministère de la grâce ne peut pas s’accroître d’une position de sentiments de réussite. Tous ceux qui se croient justifiés attendent de tous la même justice qu’ils pensent avoir achevé. Pourtant, le ministère de la grâce ne peut pas se développer dans une telle situation. Au contraire, des sentiments de réussite conduisent aux attentes irréelles, à la censure, à l’impatience, et aux jugements critiques.

Je dois avouer que beaucoup de mes collègues de bureau m’ont dit que leurs relations avec leurs pasteurs (en mes propres mots) étaient basées sur les règles plutôt que sur la grâce. Il vous sera commode de parler du respect de la loi aux autres si vous croyez respecter la loi vous-même. Mais si vous êtes conscient du fait que vous n’êtes qu’un pécheur misérable, et donc privé de la gloire de Dieu, si vous reconnaissez que la paix dans votre vie n’est nullement un résultat de votre justice, mais de la justice de Christ, vous profiterez alors de l’occasion pour parler aux autres de la même grâce que vous avez reçu de Dieu sans l’avoir méritée.

Se considéra qualifié pour plus de responsabilités

Si vous comptez sur votre propre sagesse et vos compétences, si vous ne cherchez qu’à prouver votre justice, il va sans dire que votre ministère se posera sur votre propre confiance. Vous vous croirez capable et prêt à quelconque rôle dans votre ministère. Vous croyez être suffisamment compétent et sage, et donc capable de prendre toute responsabilité. Vous ne cherchez plus la sagesse, ni la protection de vos faiblesses personnelles.

Il faut l’avouer, la lutte pour le contrôle est chose courante dans les églises communautaires. On introduit la politique au ministère de l’évangile. L’orgueil donne soif du pouvoir (même sans votre connaissance). Votre désir pour domination vous conduit à chercher des alliés du ministère, ainsi que d’essayer à identifier des ennemis du ministère. D’une façon à autre, le ministère de l’évangile devient pour vous un champ de bataille pour la puissance humaine.

Ce genre de ministère a perdu tout sens d’orientation. Il ne suit plus Jésus. Il est à la recherche d’un roi, mais pas le Roi. Il bâtit un royaume, mais pas le royaume. En tant que pasteur, vous faites votre travail pour les autres. Pourtant, si vous êtes devenu politique, vous travaillez pour vous-même.