Comment Puis-je Changer?/Dans Le Piège du Décalage
De Livres et Prédications Bibliques.
Par Robin Boisvert
À Propos de Sanctification et croissance
Le chapitre 3 du livre Comment Puis-je Changer?
Traduction par Tania Ricci
Vous pouvez nous aider à améliorer par l'examen de l'exactitude de cette traduction. En Savoir Plus (English).
«Que tous ceux qui luttent avec colère s'avancent. Nous aimerions prier pour vous.»
C'était un dimanche matin. Je venais juste de terminer un sermon sur la colère et voulais que l'Esprit Saint fasse son travail dans les coeurs de toutes les personnes présentes. Jamais je n'aurais pu prévoir la réaction que cela entraîna.
Une vingtaine de personnes vint se placer humblement devant l'assemblée – elles semblaient assez nombreuses dans notre petite église. Pourtant, ce ne fut pas leur nombre qui attira mon attention, mais les personnes elles-mêmes. Quatre-vingt-dix pour cent d'entre elles étaient des mères de jeunes enfants! (la colère fait partie des risques du métier, c'est ce qu'affirme la plupart des mères que j'ai connues).
Comme j'étais leur pasteur, je savais que ces femmes étaient des Chrétiennes pratiquantes. Ce qui les avait faites s'approcher était leur immense frustration à l'idée d'avoir été prises au piège dans un décalage, le décalage entre les normes bibliques qui imposent une maîtrise de soi et leur propre échec à les atteindre.
L'apôtre Paul lui-même a été piégé par le décalage (Rm 7, 21-25). Vous identifiez-vous à sa frustration?
Nous soupirons alors doucement et pensons: «cela n'arrivera jamais».
J'appelle cet était d'esprit le «piège du décalage;». Voilà comment il opère en tant que Chrétiens, nous avons tous une certaine connaissance de ce que Dieu attend de nous. Mais nous en faisons bien moins de ce que nous devrions. Il existe donc bel et bien un décalage, un écart, entre ce qu'il nous faut faire et notre performance réelle. Si l'écart entre ce que nous savons et ce que nous vivons se creuse, nous pouvons à juste titre nous dénommer des hypocrites.
Ce décalage est un fait dans la vie Chrétienne. Pour la plupart d'entre nous, il n'est nul besoin de nous rappeler nos incohérences – nous en sommes même trop conscients. C'est justement le fait d'en être conscients qui devrait nous aider à rester humbles et dépendants de Dieu dans le but d'atteindre la perfection. Mais notre ignorance de la doctrine de sanctification est un piège. Plutôt que d'admettre que ce décalage existe et de nous projeter en avant, confiants et fervents, dans le Christ, nous le laissons nous condamner et freiner notre progression. Nous nous enracinons dans l'idée que nous sommes des perdants, des ratés, des bons-à-rien... et peut-être même pas des Chrétiens. Certains s'enlisent dans l'inaction et la désobéissance. Le découragement fait souffrir inutilement ceux qui se font prendre au piège (et, dans une certaine mesure, nous nous laissons tous prendre).
En tant que pasteur, il fait partie de mes devoirs d'aider les personnes à se sortir du piège du décalage. Souvent, je me surprends à dire aux gens: «Ce ne sera pas rapide, il faudra fournir un sérieux effort, mais sortir du piège n'est pas compliqué. Et croyez-moi, cela en vaudra la peine.»
Peut-être que vous êtes-vous déjà trouvés dans le piège du décalage. Peut-être y êtes-vous en ce moment-même. Si c'est le cas, je suis certain que ce livre peut vous aider à resserrer l'écart entre ce que vousdevriez être dans le Christ et ce que vous êtes dans la vie quotidienne.
Pourriez-vous imaginer une vie où vous vous débarrasseriez de toutes vos habitudes de perdition et dans laquelle vous progresseriez réellement vers la sainteté? Une telle vie est possible. Et ce livre a été écrit pour vous assister et vous encourager afin que cette vie soit la vôtre.
Sommaire |
Entre le «maintenant» et le «pas encore»
Sans aucun doute, l'une des choses les plus frustrantes dans la vie Chrétienne est l'apparente contradiction entre ce que Dieu nous demande d'être et ce que nous savons être, de par notre expérience. Prenez les Corinthiens, par exemple. A un moment, Paul leur a affirmé: «Vous avez été lavés, vous avez été sanctifiés, vous avez été justifiés dans le nom du Seigneur Jésus Christ et par l'Esprit de notre Dieu» (1Co 6,11). Cela semble clair comme de l'eau de roche, n'est-ce-pas? Jusqu'à ce que vous lisiez la deuxième épître de Paul à cette église, dans laquelle il semble dire presque le contraire: «Purifions-nous de tout ce qui souille le corps et l'esprit et achevons de nous sanctifier dans la crainte de Dieu» (2Co 7,1).
Je suppose que les Corinthiens en ont été quelque peu confus. Étaient-ils sanctifiés... ou contaminés? En réalité, ils étaient les deux. Et il en va de même pour nous. Pour pouvoir l'expliquer, permettez-moi de faire une petite digression.
Le Royaume de Dieu est à la fois «maintenant» et «pas encore». Il est au présent dans certaines conjonctures et au futur dans d'autres. Notre Seigneur est venu proclamer et démontrer que le Royaume (ou le Règne) de Dieu interfère avec l'histoire humaine. «Si c'est par le doigt de Dieu que j'expulse les démons, c'est donc que le Royaume de Dieu est arrivé jusqu'à vous» (Luc 11,20). Cependant, le Royaume de Dieu n'est pas arrivé dans son entièreté. Cela n'arrivera que lorsque Jésus reprendra son pouvoir, lorsque tous les genoux fléchiront et que toutes les langues diront qu'il est le Seigneur. Dans l'attente de ce moment, sans pour cela nier la réalité présente du Royaume de Dieu, nous prions avec ferveur «Que ton Règne vienne» (Mt 6,10).
Dans cette vision des choses, le Royaume de Dieu est en parallèle avec nos vies individuelles. Dieu, par un merveilleux travail de justification, a fait de nous des êtres vertueux. Notre condition légale par rapport à Lui a changé. Cela a été décidé une fois pour toutes dans la Cour Suprême des Cieux. Mais dans cette partie ces Cieux, cependant, notre transformation intérieure est encore en progression. Le processus de sanctification m'occupe beaucoup personnellement en tant que Chrétien, mais me donne aussi énormément de travail en tant que pasteur.
Sommes-nous vainqueurs en Jésus ou pas? Sommes-nous conquérants ou conquis? Oscar Cullmann propose une analogie avec la Seconde Guerre Mondiale qui, je crois, peut nous aider à saisir cette contradiction apparente.<ref name="Two">Oscar Cullman, Christ and Time (Philadelphia, PA: The Westminster Press, 1964), p. 3.</ref>
L'Histoire rappelle deux jours importants vers la fin de la Seconde Guerre Mondiale: le Jour J et le Jour de la Victoire en Europe (Jour VE). Le Jour J a eu lieu le 6 juin 1944, lorsque les forces alliées ont débarqué sur les plages de Normandie, en France. Cela a marqué un tournant décisif dans la guerre; une fois les forces sur place, le destin d'Hitler était tout tracé. La guerre était pratiquement finie. Pourtant, la victoire complète en Europe (le jour VE) n'est pas arrivée avant le 7 mai 1945, lorsque les forces allemandes se sont rendues à Berlin. On se souvient de cet intervalle de onze mois comme l'une des périodes les plus sanglantes de toute la guerre. Des batailles rangées éclatèrent en France, en Belgique et en Allemagne. L'ennemi était mortellement blessé mais ne succomba pas tout de suite.
La Croix représente notre Jour J. C'est alors que notre Seigneur Jésus Christ est mort afin de briser les chaînes du péché qui emprisonnaient son peuple. Sur la base de sa mort et de sa résurrection, nous avons été justifiés. Pourtant, la victoire finale n'arrivera que lorsque le Christ reviendra. Il est indiscutable que les choses se passeront comme cela. Mais nous nous retrouverons toujours mêlés à des escarmouches et des batailles jusqu'à ce que le Seigneur apparaisse dans toute sa gloire pour vaincre à tout jamais les forces du mal.
Lire 1Pr 5, 8-9. Bien que le triomphe ultime de Dieu soit inévitable, il nous faut lutter en respectant notre adversaire.
En gardant à l'esprit cette distinction, nous pouvons nous éviter de gros découragements. La bataille fait toujours rage, mais nous avons gagné la guerre. Etre conscient du fait que le Christ a terminé le travail à notre place est essentiel pour garder moral dans la recherche de sanctification. Il nous faut méditer et étudier la grande doctrine de justification jusqu'à ce qu'elle glisse profondément dans notre conscience.
Besoin d'un rinçage buccal?
Bien qu'étant entièrement justifiés en Christ (Jour J), en aucun cas nous ne sommes complètement sanctifiés (Jour VE). Certains n'ont pas compris cela.
Ern Baxter, enseignant en religion, raconte un incident qui s'est produit lors du Mouvement de Pluie de l'Arrière-Saison, à la fin des années 1940. On enseignait alors une doctrine hérétique appelée «La Manifestation des Fils de Dieu». Il s'agissait essentiellement d'une doctrine qui promettait au cours de cette vie une sanctification totale. Dans sa forme extrême, on y cultivait la croyance qu'une élite spirituelle se verrait glorifiée avant le retour du Christ.
A la fin de la réunion au cours de laquelle Baxter faisait son sermon, plusieurs fils (et filles) de la manifestation firent leur apparition dans le fond de l'assemblée, vêtus d'habits blancs. Lorsqu'il termina son prêche, ils remontèrent l'allée centrale et arrivèrent devant l'autel où ils essayèrent de recruter des disciples pour leur doctrine d'absolue perfection. Il relate ainsi l'épisode: «La femme qui était leur chef avait un sérieux besoin de se rafrâichir l'haleine. Ce n'est pas le genre de perfection à laquelle j'aspire.»<ref name="Four">Ern Baxter, taped message, ‘’Sanctification,’’ n.d.</ref>
Certaines situations basées sur une vision superficielle et simplifiée de la sanctification sont encore plus communes que celle narrée par Ern Baxter.
❏ Ne jamais conduire plus d'un km au-dessus de la vitesse imposée.
❏ Répondre calmement et gentiment à tous les démarcheurs qui appellent chez vous
❏ Éviter toutes les calories inutiles
❏ Ne jamais enfoncer la touche «sommeil» de votre radio-réveil
❏ Toujours payer vos impôts avec le sourire
Alors que je n'étais qu'un tout jeune croyant, j'ai rencontré un jeune homme appelé Greg, un cambrioleur invétéré et drogué qui s'était apparemment converti après un séjour en prison. Sa façon de s'acharner à vivre une vie chrétienne m'a impressionné. Il semblait avoir des certitudes effrontées et marchait en se pavanant quelque peu. Il parlait comme si le péché n'était plus un problème pour lui. Plus d'une fois il m'a expliqué comment il avait été «sauvé, sanctifié et empli d'Esprit Saint.».
En l'entendant raconter cela, tout semblait tellement simple. Il avait pris un train un jour, tout jeune Chrétien, et lorsqu'il en était descendu quelques heures plus tard il avait eu, ce qu'il appelait, une «expérience de sanctification». Il m'assurait qu'une telle expérience était un prélude nécessaire afin de recevoir le baptême dans l'Esprit Saint. Et une fois cela effectué, on était fin prêt.
Je dois admettre que pour certaines choses, Greg ne semblait pas tellement sanctifié. Il avait tendance à trop juger et son attitude était trop hypocrite. Il pouvait être à la fois autoritaire et mesquin. Je me rappelle sa remarque indignée lorsqu'un ami avait par inadvertance posé quelque chose sur sa Bible: «Excuse-moi, mais cela s'avère être la Parole de Dieu!». Malgré tout, il pouvait très bien citer la Bible et semblait tout comprendre de cette affaire de sanctification.
Quel choc lorsqu'il a replongé dans le trafic et l'usage de drogues dures.
Lisez Matthieu 26,41. Quand est-il prudent d'assumer que nous avons «atteint» la sanctification?
Les problèmes de Greg découlaient du fait qu'il n'avait compris que partiellement, donc incorrectement, les enseignements de la Bible relatifs à la sanctification. Il avait fait ce qu'avaient fait tant d'autres: il s'était focalisé uniquement sur des textes de l'Ecriture qui semblaient valider son expérience personnelle.
La sanctification est à la fois définie (elle apparaît lors de la conversion) et progressive. Elle ne se dévoile pas dans une seule expérience du passé, mais n'apparaît pas non plus uniquement par paliers. Nous avons été changés et nous sommes en train de changer. Sans mettre un frein à l'enthousiasme du succès du débarquement en Normandie, restons sobres et réalistes et évaluons ce qui nous oppose à Berlin. Nous n'avons pas l'opportunité d'embarquer à bord du train de la sanctification, comme Greg déclarait l'avoir fait. C'est un combat sur toutes les étapes du parcours.
Le travail en vaut la peine
Pour beaucoup, «sanctification» n'est qu'un exemplaire de plus de ces longs mots théologiques souvent cités mais rarement compris. Il semble trop académique et peu pratique. Et pourtant, il est très pratique. La doctrine de la sanctification répond à des questions posées par pratiquement tous les Chrétiens au cours de l'histoire de l'Eglise:
Comment puis-je changer?
Comment puis-je grandir?
Comment puis-je devenir comme le Christ?
Comment puis-je sortir du piège du décalage?
Tout ce qui peut répondre à ces questions vaut bien un petit effort. L'Appendice A (page 93) montre comment plusieurs branches de l'Eglise ont géré ces questions par le passé. Observons cependant ce que nous pouvons apprendre de cette doctrine essentielle lorsqu'elle s'applique à chacun d'entre nous dans la vie d'aujourd'hui.
La signification biblique du mot sanctifier est «séparer, consacrer» (sainteté dérive de la même racine grecque). Cela peut être appliqué à une personne, un endroit, une occasion ou un objet. Lorsque quelque chose est sanctifié, il n'est plus dédié à une utilisation commune mais est voué à un traitement spécial. Par exemple, au temps de Moïse, le Jour du Grand Pardon était consacré (sanctifié) à un Dieu saint. Ce jour est devenu un jour saint. Lorsque l'on sanctifie quelque chose, sa sainteté n'est pas acquise simplement à travers la consécration, mais elle dérive au contraire de ce à quoi la chose a été dévouée. Seul Dieu est saint, et lui seul peut allouer la sainteté.
Théologiquement, le terme «sanctification» a été utilisé pour décrire le processus qui s'opère chez le croyant lorsque l'Esprit de Dieu travaille en lui afin de le rendre comme le Christ. Le processus commence dès l'instant où nous naissons et continue tout au long de la vie. Il se caractérise par un conflit quotidien car nous nous approprions la grâce et la force de Dieu pour surmonter nos péchés intérieurs.
Il faut se souvenir que la culpabilité du péché a déjà été enlevée suite à la justification, comme l'explique Anthony Hoekema. La sanctification enlève la pollution du péché.
La culpabilité s'entend comme l'état de mériter une condamnation ou d'être passible de punition uniquement parce que la loi de Dieu a été violée. Dans la justification, qui est un acte déclaré de Dieu, la culpabilité du péché est enlevée grâce au travail d'expiation de Jésus-Christ. La pollution, cependant, s'entend comme la corruption de notre nature qui est le résultat du péché, qui, à son tour, pousse à pécher. En conséquence de la Chute de nos premiers parents, nous sommes tous nés dans un état de corruption; les péchés que nous commettons ne sont pas seulement le résultat de cette corruption, mais s'y ajoutent. Dans la sanctification, la pollution par le péché est dans un processus d'effacement (mais il ne sera entièrement ôté que dans notre autre vie).<ref name="Seven">Anthony A. Hoekema, Saved by Grace (Grand Rapids, MI: Eerdmans Publishing Co., 1989), pp. 192-93.</ref>
La Bible décrit aussi la sanctification comme une croissance vers la sainteté. Par sainteté
j'entends la dévotion à Dieu et la nature qui se dégage d'une telle dévotion. La dévotion implique un amour de Dieu et un désir de Dieu.<ref name="Eight">Jerry Bridges, The Practice of Godliness (Colorado Springs, CO: NavPress, 1983), pp. 15-20.</ref> Elle implique également la crainte de Dieu, que John Murray a appelé «l'âme de la sainteté».<ref name="Nine">Ibid., p. 24.</ref> Délivré de la crainte du tourment éternel, le Chrétien craint Dieu non pas pour sa colère mais pour sa «majesté, sa sainteté et sa gloire transcendente...».<ref name="Ten">Ibid., p. 26.</ref>La crainte du Seigneur purifie le coeur et est un prélude à l'intimité avec Dieu.
La sainteté implique bien plus que la moralité ou le zèle. Elle dérive d'une union avec le Christ et de la passion à l'honorer. Le dévot veut ressembler à son Seigneur afin de lui faire plaisir. Il veut ressentir ce que Dieu ressent, penser ce qu'il pense et faire sa volonté. En bref, il souhaite s'approprier le caractère de Dieu afin que Dieu soit glorifié. Dans l'effort de notre vie, c'est la tentative qui en vaut le plus la peine: «Les exercices corporels ne servent pas à grand-chose: la piété au contraire est utile à tout, car elle a la promesse de la vie, de la vie présente comme de la vie future». (1Ti 4,8)
Dieu et l'homme ont tous deux un rôle-clé dans ce délicat travail de sanctification. Dieu, par sa grâce incroyable, débute notre salut et nous fournit le désir et l'envie de surmonter le péché. En répondant et en s'appuyant sur sa grâce, nous obéissons donc à l'ordre divin de «travailler avec crainte et tremblement à accomplir notre salut, Dieu est là qui opère en vous à la fois le vouloir et l'opération même, au profit de ses bienveillants desseins» (Php 2,12-13).
Le Nouveau Testament représente la marche à suivre afin de mener une vie sainte. Il est le juste milieu entre légalisme d'une part et permissivité de l'autre. Les traditions ecclésiastiques qui se sont trop focalisées sur le travail de Dieu en nous sans s'attendre à ce que ce travail résulte en un désir grandissant de sainteté, font dévier le chemin vers la permissivité. «Car il en est beaucoup, je l'ai dit souvent et je le redis aujourd'hui avec larmes, qui se conduisent en ennemis de la croix du Christ. Leur fin sera la perdition, ils ont pour Dieu leur ventre et mettent leur gloire dans leur honte. Ils n'apprécient que les choses de la terre» (Php 3,18-19). D'autre part, d'aucuns ont tellement amplifié la partie de l'homme qu'ils ont porté la technique au-delà de la vérité de Dieu et se sont retrouvés dans le légalisme (ces dérives ont bien sûr des degrés variables).
Comment atteindre la perfection
L'une des questions que se posent fréquemment les Chrétiens est la suivante: «Combien de temps prendra le processus de sanctification? Serai-je libéré à jamais du péché?» C'est une question très pertinente, surtout lorsque l'on lit une sentence telle que celle que Paul adresse à l'Eglise des Philippiens: «Nous tous, qui sommes parfaits, ayons cette attitude; et si sur quelque point vous pensez autrement, là encore, Dieu vous éclairera» (Php 3,15). Jésus a été encore plus précis dans un verset cité plus tôt: «Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait». (Mt 5,48)
(Les réponses sont imprimées à l'envers à la fin de la page 9)
- Le mot «sanctifier» signifie «séparer, profaner» V F
- La sanctification commence au moment de la naissance et continue tout au long de la vie. V F
- La culpabilité de nos péchés a été ôtée par la justification. V F
- La sainteté s'applique exclusivement à la moralité et au zèle d'une personne. V F
- Dieu seul a la responsabilité de notre sanctification. V F
Mais Dieu s'attend-il à ce que nous soyons parfaits?
Nombreux sont ceux dont le désir de perfection a poussé à chercher Dieu. Tout au long de l'histoire humaine, poètes et philosophes ont exprimé le désir de retrouver l'innocence et la pureté perdues. Des chanteurs contemporains tels que Crosby, Stills et Nash ont célébré l'expérience de Woodstock avec une chanson dont les paroles sont: «Nous sommes de la poussière d'étoiles, nous sommes en or, nous sommes à la merci des marchandages du diable. Il nous faut regagner le Jardin».
Le problème est que nous ne sommes pas parfaits et nous le savons. Dans la fantaisie du film, Mary Poppins peut se décrire joyeusement comme «pratiquement parfaite sous tous rapports», mais dans la vraie vie, ce n'est pas vrai. Et Woodstock ne nous aidera pas à atteindre la perfection.
R.A.Muller fait remarquer que l'Ecriture nous dit clairement d'être parfaits tout en nous démontrant que la perfection est inaccessible au cours de cette vie.<ref name="Thirteen">R.A. Muller, ‘’The International Standard Bible Encyclopedia, Volume Four’’ (Grand Rapids, MI: Eerdmans Publishing Co., 1988), p. 324.</ref> Cela nous met devant un dilemme. Nous ne sommes pas libres de lever les bras et d'admettre la défaite. Mais il ne nous est pas permis non plus d'adopter une confiance en soi dirigée vers la perfection , car cela ressemble plus à une attitude positive qu'à la Bible. La seule façon de résoudre ce dilemme est comprendre que le Nouveau Testament propose deux visions de la perfection.<ref name="Fourteen">William Hendriksen, ‘’New Testament Commentary: Philippians’’ (Grand Rapids, MI: Eerdmans Publishing Co., 1962), p. 176.</ref>
Ce que Paul suggère lorsqu'il écrit aux Philippiens est de la maturité, pas de la perfection. D'ailleurs, la Nouvelle Version Internationale traduit ainsi ce commentaire à l'Eglise Philippienne: «Nous tous, qui avons atteint une maturité, c'est ainsi qu'il nous faut penser» (Php 3,15). En ce sens, le terme «parfait» représente «celui qui a fait un progrès raisonnable vers une croissance et une stabilité spirituelles.»
Il est naturel pour un enfant de vouloir être grand, de vouloir être adulte. Cela reste vrai pour le croyant. Plutôt que d'aborder la croissance sans rigueur, de façon désinvolte, nous devrions laisser notre désir de perfection nous pousser vers une quête de ressemblance à Jésus. L'exemple de Paul devrait être un modèle pour nous tous:
«Non que je sois déjà au but, ni déjà devenu parfait; mais je poursuis ma course pour tâcher de saisir, ayant été saisi moi-même par le Christ Jésus. Non, frères, je ne me flatte point d'avoir déjà saisi; je dis seulement ceci: oubliant le chemin parcouru, je vais droit de l'avant, tendu de tout mon
être, et je cours vers le but, en vue du prix que Dieu nous appelle à recevoir là-haut, dans le Christ Jésus» (Php 3,12-14)
Sept raisons de réduire le décalage
En général, le mot sainteté provoque une impression négative. Nombreux sont ceux pour qui ce mot évoque une existence terne, pénible et dépourvue de joie. Alors qu'il s'agit d'une joyeuse expérience, on a tendance à le voir comme une contrainte de bigot. En conclusion, réfutons donc cette idée et examinons certains des bénéfices et bienfaits que l'on obtient en suivant le Christ. Voilà les sept avantages de la sanctification:
Dieu est glorifié. Lorsque nous entrons dans la sainteté, nous renforçons notre conviction que Dieu est aussi réel et magnifique que nous le déclarons. Paul nous explique que les bonnes actions des Chrétiens embellissent la doctrine du Christ (Tit 2,10). Même ceux qui renient Dieu sont obligés d'admettre son existence au vu des personnes qui appliquent ses enseignements.
Communion continue avec la Divinité au cours de cette vie. «Si quelqu'un m'aime,» dit Jésus, «il gardera ma parole et mon Père l'aimera et nous viendrons vers lui et nous ferons une demeure chez lui» (Jn, 14,23). La présence durable du Père et du Fils à travers l'Esprit Saint est une joie et un confort immenses. Jésus indique que sa présence est une présence d'amour, qui n'est pas indifférente ni impersonnelle. Bien entendu, le pouvoir s'accomplit au travers de sa présence et nous permet de surmonter les obstacles de la vie.
- John Piper
Communauté avec d'autres Chrétiens. Si nous avançons dans l'obscurité, nous ne pouvons pas nous réjouir de relations authentiques avec d'autres croyants. «Mais si nous marchons dans la lumière, comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes en communion les uns avec les autres, et le sang de Jésus, son Fils, nous purifie de tout péché» (1Jn 1,7).
Le Seigneur nous promet de nous donner des camarades, des compagnons de voyage sur la route vers la sanctification. En ce qui me concerne, je pense que la vérité de Dieu combinée avec l'exemple des disciples de Dieu est absolument nécessaire à ma croissance spirituelle. Lorsque j'ai suivi ses enseignements, j'ai toujours eu les deux. Nous avons besoin les uns des autres dans le contexte de l'église pour réussir. La sainteté et la communauté Chrétienne vont de pair.
L'Assurance du salut. Bien que notre quête de sainteté ne soit pas la base de notre salut, elle y est très certainement liée. Dans sa deuxième épître, Paul exhorte ses lecteurs à s'efforcer d'accumuler les vertus spirituelles, ajoutant la bonté à la foi et la connaissance à la bonté jusqu'à ce que la maîtrise de soi, la persévérance, la sainteté, la bienveillance fraternelle et l'amour soient disponibles en abondance (2Pe 1, 5-9). Si tout ceci vient à manquer, prévient-il, on pourrait oublier que l'on a été purifié de ses anciens péchés. C'est pourquoi, mes frères, il vous faudra d'autant plus de zèle pour affermir votre vocation et votre élection. Ce faisant, vous ne tomberez jamais et l'entrée dans le Royaume éternel de notre Seigneur Jésus Christ vous sera largement accordée (2Pe 1, 9-11).
Évangélisme. Alors que je n'étais qu'un jeune homme condamné par le péché, je m'évertuais à essayer de trouver des failles dans le Christianisme afin de rejeter le message des Chrétiens et les traiter d'hypocrites. Mais, bien qu'imparfaits, je ne trouvais en eux aucune défaillance majeure. La grande famille qui est venue vers moi avec l'évangile m'a plus impressionné par ses actes que par ses paroles. Le mari aimait sa femme, la femme respectait son mari, les enfants obéissaient à leurs parents et ils étaient tous heureux. Je n'avais jamais rien vu de tel.
Il a été dit que si le monde suit pas ce qui est dit dans la Bible, il suit ce que font les Chrétiens. Dieu utilise ses disciples afin d'atteindre les autres. Ils ne sont pas parfaits, mais fidèles.
Compréhension, sagesse et connaissance. Ces trésors sont offerts à ceux qui recherchent Dieu avec tout leur coeur (Pr 2, 1-11). Ils sont retirés aux adeptes du mépris, de la rébellion et de la sottise.
Voir Dieu. L'Ecriture nous dit, «Recherchez la paix avec tous, et la sanctification sans laquelle personne ne verra le Seigneur» (Heb 12, 14). La signification complète de ce passage reste un mystère, mais l'Ecriture est prolixe sur la «vision béate», c'est-à-dire le fait de voir Dieu. Cela aura lieu lorsque notre Seigneur reviendra, lorsque tous les ennemis auront été vaincus et que nous aurons tous été sanctifiés. Alors, notre vision de Dieu sera continue et intense, sans la distraction et la confusion causées par le péché et nous nous connaîtrons tels que nous sommes et tels que nous sommes perçus. Notre connaissance de Dieu ne sera pas complète, mais son être infini et magnifique nous sera révélé peu à peu.
- Jésus (Matthieu, 5,8)
«Heureux les coeurs purs», dit Jésus, «car ils verront Dieu» (Mt 5, 8). Cette illumination continue de la grandeur et de la bonté de Dieu est le cadeau le plus merveilleux d'une vie pieuse.
Il est donc manifeste qu'il existe de nombreuses bonnes raisons de combler le décalage entre ce que Dieu attend de nous et notre propre expérience. Nous avons été créés pour partager sa sainteté-pas seulement au ciel, mais sur terre. Progressivement, nous pouvons apprendre à affronter le péché et vivre en reflétant toujours plus intensément la gloire et la nature de Dieu.
Dans ce premier chapitre, nous avons tenté d'accentuer notre désir de sainteté. Au chapitre deux, nous commencerons à construire le contexte biblique nécessaire à l'épanouissement d'une vie pieuse – et heureuse.
Discussions de groupe
1.Quels symptômes indiquent que l'on est pris dans le piège du décalage?
2.Il est impossible d'éviter un certain décalage entre la perfection de Dieu et notre attitude. Si ce décalage est trop grand, nous devenons des hypocrites. Où est la limite?
3.Comment notre sanctification représente-t-elle à la fois notre passé historique et notre espoir futur?
4.La crainte du Seigneur, explique l'auteur, est une «condition à l'intimité avec Dieu» (page 7). Qu'entend-il par là?
5.Dans quelle mesure un Chrétien fervent doit-il être libéré du péché?
6.Après avoir lu ce chapitre, comment expliqueriez-vous le passage de Matthieu, 5, 48 à un Chrétien tout juste converti?
Lectures recommandées
How to help people change (Comment aider les gens à changer) de Jay E. Adams (Grand Rapids, MI: Zondervan Publishing House, 1986)
Saved by Grace (Sauvé par la grâce) de Anthony A. Hoekema (Grand Rapids, MI: Eerdmans Publishing Co., 1989)
Références
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