"Le Roi des Rois
De Livres et Prédications Bibliques.
Version du 6 janvier 2010 à 00:46 par Steffmahr (discuter | contributions)
Par R.C. Sproul
À Propos de Jésus-Christ
Partie de la série : Article
Traduction par Ntamack Paule
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L’Evangile selon Luc s’achève par ce passage des plus surprenants : « Il les conduisit jusque vers Béthanie, et, ayant levé les mains, il les bénit. Pendant qu’il les bénissait, il se sépara d’eux, et fut enlevé au ciel. Pour eux, après l’avoir adoré, ils retournèrent à Jérusalem avec une grande joie ; et ils étaient continuellement dans le temple, louant et bénissant Dieu » (24 :50-53)
Ce qui est étonnant dans ce passage c’est, qu’alors que Luc relate le départ de Jésus de ce monde, la réaction de Ses disciples est de retourner à Jérusalem avec « une grande joie ». Qu’est ce qui dans le départ de Jésus crée en Ses disciples une vive exaltation? Cette question se fait encore plus intrigante lorsque l’on considère les émotions des disciples lorsque Jésus leur annonce son départ prochain. A ce moment là, la pensée que leur Seigneur les quitterait provoqua en eux un profond sentiment de tristesse. On aurait dit que rien n’aurait été plus déprimant que d’anticiper la séparation de Jésus d’avec eux. Cependant, en un laps de temps, la tristesse a cédé le pas à une joie indescriptible. Nous sommes en droit de nous demander ce qui a provoqué ce changement radical d’émotion dans les cœurs des disciples de Jésus. La réponse à cette question est évidente dans le Nouveau Testament. Entre le moment où Jésus leur annonce son départ prochain et Son départ proprement dit, les disciples réalisent deux choses. Ils ont tout d’abord compris, la raison pour laquelle Jésus les quittait. Ensuite, ils se sont rendu compte du lieu où Il allait. Jésus s’en allait non pas pour les abandonner à leur triste sort, mais pour monter au ciel. Dans le Nouveau Testament, le mot ascension revêt une connotation plus forte que la simple montée au ciel ou même à la demeure céleste. Dans son ascension, Jésus allait à un lieu spécifique pour une raison spécifique. Il montait au ciel afin d’être investi et couronné comme le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs. Le titre utilisé dans le Nouveau Testament pour décrire Jésus dans Ses attributs royaux est le « Roi des rois » ou encore le « Seigneur des seigneurs ». La signification de cette structure littéraire particulière va au-delà de l’établissement de Jésus en tant qu’autorité qui commandera les rois les plus faibles ; mais, démontre la suprématie de Jésus dans toute la légitimité de Sa Majesté. Il est Roi dans le sens le plus élevé de la royauté. Au sens biblique, il est impossible d’avoir un roi sans royaume. Vu que Jésus monte au ciel dans le but d’être couronné comme Roi, Son couronnement s’accompagne donc d’un royaume à Lui confié par le Père afin qu’il y règne. Ce royaume c’est toute la création. Il existe deux grossières erreurs en théologie moderne quant au concept biblique du Royaume de Dieu. La première est que le royaume a déjà été établi et qu’il n’y a plus rien à faire pour que la gloire de Jésus soit manifestée. Un tel point de vue peut être interprété comme de l’eschatologie exacerbée (la fin du monde). Avec la réalisation de la plénitude du royaume, il n’y aurait plus rien à attendre en termes de triomphe de Christ. L’autre erreur est celle que de nombreux chrétiens commettent en croyant que le royaume de Dieu se situe loin dans l’avenir. En d’autres termes, le Royaume de Dieu ne saurait en aucun cas déjà exister. Ce point de vue conforte solidement cette conception future du royaume de Dieu que même les passages du Nouveau Testament tels que les Béatitudes de Mathieu 5-7, ne trouvent aucune application dans l’église de nos jours car ils appartiennent à la génération future du royaume qui n’est pas encore d’actualité. Ces deux points de vue font violence aux enseignements du Nouveau Testament selon lesquels le royaume de Dieu est déjà en place. Le Roi est déjà installé. Il a déjà reçu toute l’autorité sur la terre et dans le ciel. Ce qui signifie qu’en ce moment même, l’autorité suprême sur les royaumes de ce monde et sur l’univers tout entier est entre les mains du Roi Jésus. Il n’y a aucun centimètre de terrain, aucun symbole ni pouvoir dans ce monde qui ne soit entre Ses mains et sous Son autorité en ce moment même. Dans l’épitre de Paul aux Phillipiens, au chapitre 2, dans ce qui est appelé hymne kénotique, il est dit que Jésus a reçu le nom qui est au-dessus de tout nom. Le nom qu’il a reçu et qui s’élève au-dessus de tous les autres titres que l’on puisse recevoir, est un nom réservé à Dieu. Il s’agit du titre de Dieu Adonaï qui signifie « Le souverain absolu ». En d’autres termes, ce titre est celui de l’autorité suprême pour Celui qui est le Roi de la terre entière. Le titre Adonaï de l’Ancien Testament est traduit dans le Nouveau Testament par le mot Seigneur. Lorsque Paul affirme qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse et que toute langue confesse, le fléchissement en signe d’obéissance et la confession servent à déclarer de la bouche que Jésus est Seigneur ---- c'est-à-dire qu’Il est l’autorité suprême. Il s’agissait de la première confession de foi de l’église primitive. Par la suite, Rome dans sa tyrannie païenne pernicieuse a instauré un serment de fidélité à la gloire de l’empereur selon lequel tout le monde devait dire l’expression kaisar kurios -«César est seigneur». Les chrétiens réagissaient en faisant preuve de toute forme d’obéissance civile possible, en payant leurs impôts, en honorant le roi, en étant des citoyens modèles ; mais leur conscience ne leur permettait pas de respecter l’ordre de césar qui consistait à proclamer qu’il était seigneur. Leur réaction au serment de fidélité, kaisar kurios était aussi profonde dans ses ramifications qu’elle était simple dans l’expression Jesus ho kurios, Jésus est Seigneur. La seigneurie de Jésus n’est pas seulement un espoir des chrétiens qui un jour viendrait à se réaliser ; c’est une réalité qui s’est déjà passé. C’est le rôle de l’église d’être le témoin de ce royaume invisible, ou comme le disait Calvin c’est le rôle de l’église de rendre visible le royaume invisible de Christ. Quoiqu’invisible, ce royaume est bien réel.