De peur que nous ne soyons dispersés
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Version actuelle en date du 3 juin 2010 à 14:37
Par R.C. Sproul
À Propos de l'Orgueil
Partie de la série : Right Now Counts Forever
Traduction par Marina Bankel N
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Proverbes 16:18 est l’un des versets le plus mal cité de la Bible. Ainsi, « L’arrogance précède la ruine, et l’orgueil précède la chute », est bien souvent simplement réduit au deuxième volet du verset, « l’orgueil précède la chute ». Bien que peu fidèle, cette citation incorrecte restitue tout de même l’essence du proverbe. En effet, l'orgueil est un signe avant-coureur de la chute, et un présage de destruction.
L’histoire de la Tour de Babel dans la Bible nous en fournit une illustration dramatique:
« Or, toute la terre parlait un même langage avec les mêmes mots. Comme ils étaient partis de l’orient, ils trouvèrent une plaine au pays de Schinear et ils y habitèrent. Ils se dirent l’un à l’autre : Allons ! Faisons des briques et cuisons-les au feu. La brique leur servit de pierre, et le bitume leur servit de mortier. Ils dirent encore : Allons! Bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet touche au ciel, et faisons-nous un nom, afin que nous ne soyons pas disséminés à la surface de toute la terre. L’Éternel descendit pour voir la ville et la tour que bâtissaient les fils des hommes. L’Éternel dit : Voilà un seul peuple! Ils parlent tous un même langage, et voilà ce qu’ils ont entrepris de faire! Maintenant, il n’y aurait plus d’obstacle à ce qu’ils auraient décidé de faire. Allons ! Descendons: et là, confondons leur langage, afin qu’ils ne comprennent plus le langage les uns des autres » (Gen. 11 : 1-7).
La Tour de Babel a été le premier gratte-ciel du monde, sans doute un édifice à degrés élevé ou une ziggourat à connotation religieuse. Comme l’a relevé Martin Luther dans Commentaire du livre de la genèse, toutes sortes de mythes et légendes fantaisistes ont proliféré au Moyen-âge au sujet de cet édifice. Certains ont affirmé qu’il a été construit comme un refuge qui devait être suffisamment haut pour servir d’abri au cas où il y aurait un nouveau déluge, ignorant ainsi la promesse que Dieu avait faite de ne plus jamais détruire le monde par un déluge. D’autres ont soutenu que l’édifice était haut de près de 15 kilomètres, si haut que de son sommet, on pouvait entendre les voix des anges chantant au ciel. Mais ces élucubrations, tout en étant peu édifiantes, ne permettent pas de saisir la portée de l'histoire.
Quelle qu'ait été la Tour de Babel, toutes les histoires tissées autour de cet édifice manquent de souligner qu'il ne fut certainement pas construit à la gloire de Dieu. Ce fut au contraire un monument consacrant l'orgueil de l'homme. Luther a déclaré : « Je crois que leur motivation s’exprime à travers les mots: Allons, bâtissons-nous une ville et une tour. Ces mots traduisent la suffisance de leurs cœurs, eux qui mettent leur confiance dans les choses de ce monde, ne font pas confiance à Dieu et méprisent l’église car elle n’est ni omnipotente, ni fastueuse ». Plus tard, il a ajouté : « N’était-ce pas animés d’un orgueil et d’un mépris incommensurables envers Dieu qu’ils ont osé prendre d’eux-mêmes l’initiative d’un projet aussi grandiose sans lui demander conseil? »
La déclaration suivante est une preuve de plus que l’orgueil a été au centre de leur motivation : « faisons-nous un nom ». Dans la prière du Seigneur, la première instruction que nous a donnée le Christ est de sanctifier le nom de Dieu. Cette requête est clairement liée aux invocations qui la suivent : «Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. » Il apparait clairement que le royaume de Dieu est présent au ciel. Sa volonté y est toujours faite et son nom toujours sanctifié. Mais son règne ne peut survenir, ni sa volonté être faite là où son nom n’est pas sanctifié. À Schinéar, les hommes ont cherché à sanctifier et à exalter leurs propres noms. Cette histoire est comparable à celle du jardin d’Eden, car le désir des hommes d’être semblables à des dieux a refait surface.
La construction de cette tour devant monter jusqu’au ciel a été une tentative de faire atteindre à l’être humain son apothéose, une tentative d’auto-divination de la part des fils des hommes. Ceci dévoile véritablement la pensée du « Nouvel Âge » des temps anciens, reflétant ce que Paul déclare être le péché universel de l’humanité ; le refus d’honorer Dieu en tant que Dieu et d'être reconnaissant (Romains 1:21).
La construction de la Tour de Babel a été un acte d’apostasie, perpétré sous le couvert de la religion, comme c'est toujours le cas lorsqu’il y a apostasie ; mais une telle religion est une idolâtrie paganiste centrée sur la louange de la créature plutôt que du Créateur. Elle se caractérise notamment par la substitution du vrai Dieu par un faux dieu. Comme l’explique Luther : « le fait d’ériger une tour et de bâtir une cité n’était pas un péché en soi, car les saints en ont fait de même…Voici cependant leur péché : Ils ont mis leur propre nom en avant en bâtissant cet édifice…» Par cet acte, la véritable louange est remplacée par une louange centrée sur l’homme.
La Genèse nous dit qu’en réponse à ce comportement arrogant, « l’Éternel est descendu pour voir la ville et la tour que bâtissaient les fils des hommes ». Cette situation nous rappelle l’histoire du jardin d’Eden, lorsque la voix de Dieu parcourant le jardin a poussé Adam et Ève à aller se cacher pour couvrir leur nudité. L'histoire ne semble pas nous indiquer que le Dieu omniscient et omniprésent avait connaissance de la situation. Au contraire, elle nous rapporte que c'est en descendant visiter la ville que son jugement est tombé sur ces personnes. L’arrogance qui précède la ruine et l’orgueil qui précède la chute font référence à une attitude de mépris envers Dieu. C’est une attitude qui suppose que Dieu n’a pas conscience de ce qui se passe, ou, que s’il en a conscience, il est incapable d'agir de quelque manière que ce soit. L'impunité du péché crée chez le pécheur une absence de crainte qui le conforte davantage dans son attitude de mépris. Le pécheur en arrive à prendre la patience et l'extrême indulgence de Dieu pour de l'impuissance, et attire sans s'en soucier sur lui la colère de Dieu qui sera manifestée au jour de colère. Plus le jugement est reporté, plus terrible il sera lorsqu’il tombera.
La punition infligée par Dieu à Babel a été de confondre les langages humains et de renverser l’ordre établi d’un monde uni. Ce jugement a frappé en plein cœur l’initiative humaine, tout comme il a frappé de plein fouet l’activité politique et économique humaine. Les individus se rassemblent désormais en groupes politiques, au sein desquels un langage commun unit une nation contre d’autres nations. Des nations s'élèvent contre des nations, ce qui entraîne de l’hostilité à l’échelle internationale. La barrière de la langue représente également un obstacle majeur pour le commerce international, avec pour effet d'accentuer l'hostilité entre les nations, ce qui confirme l’axiome selon lequel « si les biens et les services traversent les frontières, les soldats ne le font guère ».
La rupture de l'harmonie humaine par la confusion des langages entraîne des conséquences à la fois considérables et qui perdurent dans le temps. Luther l’a d’ailleurs considérée comme un jugement encore plus sévère que le déluge. Mais comment ? Après tout, le déluge a tout de même ravagé la population du monde entier, à l’exception de Noé et de sa famille. Luther faisait le raisonnement suivant : Le déluge n’a détruit que les êtres humains vivant à cette époque, tandis que la confusion des langages a causé du tort à l’humanité toute entière, ce jusqu’à la fin des temps. La raison pour laquelle Dieu a opté pour ce châtiment si particulier était que rien de ce que les êtres humains et leur nature pécheresse ont entrepris de faire ne doit s’accomplir dans la facilité.
L’histoire de l’homme est une succession de cas de créatures désireuses de se bâtir des empires. Aucun empire n’a jamais perduré dans le temps. Cela s’applique aussi bien aux empires politiques qu’aux empires économiques. La seule fin possible de l’orgueil est la destruction. L’homme orgueilleux peut prospérer pour un temps, mais tôt au tard, il finira par tomber. À notre époque, nous avançons inexorablement vers un village global unifié. L’informatique nous donne un nouveau langage universel. Mais que se passera-t-il si le langage des ordinateurs échoue? Que se passera-t-il si l’économie mondiale échoue ? Quel sera alors l'objet de notre orgueil?